Cette fois-ci nous ne serons pas seuls en cabine ; un monsieur et sa femme partageront notre nuit. Le monsieur en question prend bien soin de son épouse ; comme elle n’est pas exactement avec nous dans la cabine, mais dans une couchette placée perpendiculairement aux nôtres, et isolée par un simple rideau, il la met d’abord au lit, la borde, ferme le rideau, et ensuite seulement va se mettre en pyjama dans les toilettes et revient se coucher. C’est bien meugnon quand même. Nous nous couchons en même temps que le monsieur, et quand nous nous réveillons, le couple a déjà disparu. Ca y est, nous sommes à Madurai ! Une cité que le Routard décrit comme « une ville indienne encore dans son jus », ce qui nous rend assez curieux… en réalité, nous nous apercevrons que ce que les auteurs du guide entendent par là, c’est que Madurai est assez peu touristique et donc encore authentique – rues boueuses, échoppes bariolées mais spécialisées surtout dans la quincaillerie (rien de très excitant pour le shopper affolé de la carte bleue), restaurant indo-indiens, trafic démentiel, et pèlerins hindous… car ce qui amène principalement les gens à Madurai, et les Indiens en particulier, c’est son grand temple coloré – version pièce montée – que nous irons nous aussi visiter cet après-midi. Mais n’anticipons pas, pour l’instant nous sommes encore à la gare et, comme d’habitude, il nous faut d’abord trouver un auto-rickshaw… voilà c’est chose faite. J’ai réservé un hôtel hier, et notre chauffeur nous y dépose rapidement. Sur le chemin, nous nous apercevons d’un élément particulier : les trois-quarts des rickshaws de la ville (et pas seulement eux) sont décorés de grandes palmes, ou plutôt de feuilles de bananier ! C’est la première fois que nous voyons cela, et ça ne laisse pas que de nous surprendre… est-ce tout le temps comme ça, ou une fête se prépare-t-elle ?
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Nous nous installons donc à l’hôtel (notre chambre ressemble à une chambre d’hôpital avec sa peinture verte, la même qui orne les murs du couloir, et elle fait son âge – au moins trente ans, ce qui est moins jeune pour une chambre que pour un être humain – mais elle est propre et le personnel est gentil), puis nous traversons la rue pour grignoter quelque chose dans un restau local (nous sommes les seuls touristes) avant de partir explorer la ville. Les rues sont aqueuses et boueuses, les pluies tropicales ont visiblement frappé ici aussi… Nous nous dirigeons vers le fameux temple de Madurai en nous arrêtant à chaque fois que des sacs nous font de l’œil. Mais pas n’importe quels sacs ! Nous cherchons des sacs indiens typiques (vous savez, ces sacs en toile brodés de motifs hindous et d’écritures indiennes), parce que notre copine Julie P (qui se reconnaîtra) nous a écrit qu’elle aimerait « beaucoup coudre dans des sacs indiens ». Qu’à cela ne tienne ! Ici, pour la première fois depuis le début du séjour, nous en trouvons partout ! C’est sans nul doute la proximité du temple qui favorise cette multiplicité, car les Indiens arrivent en général au temple avec de nombreuses offrandes, pour le transport desquels ces petits sacs s’avèrent fort pratiques. Néanmoins, ce n’est pas exactement le modèle que nous avions en tête pour Julie – ceux-ci ne sont pas en toile mais dans une sorte de matériau indescriptible, à mi-chemin entre le sopalin et le papier recyclé… de plus, si certains arborent des motifs traditionnels et religieux (mains jointes, en prière), d’autres (nombreux) honorent Mickey et Minnie, plus hilares que jamais. Bizarre…
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Enfin, nous arrivons au temple : on ne peut pas le rater !!!! C’est une grande muraille carrée sertie de quatre portes aux points cardinaux, chacune surmontée d’un immense gopuram (une tour pyramidale) d’où jaillissent en relief les innombrables figures bariolées des divinités indiennes. En compulsant le Routard, nous nous apercevons que le temple en question est l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture dravidienne, qu’il a été construit entre le XVIème et XVIIème siècle, et qu’il est consacré à l’un des avatars de Parvati (l’épouse de Shiva), Minakshi, et à Shiva lui-même. Pour rappel, un avatar, dans la religion hindoue, c’est l’une des formes qu’emprunte un dieu ou une déesse à un moment donné, forme qui devient elle-même une divinité en soi (d’où les trente-mille dieux de l’Hindouisme au final…). Nous contournons le temple par la gauche afin d’emprunter l’entrée accessible, celle qui contraint à passer devant le sempiternel éléphant déifié (vous savez, celui qui vous caresse la tête avec sa trompe si vous lui donnez une piécette ou un billet). Ensuite, nous visitons l’intérieur du temple, qui se prépare à une grande fête (d’où les grandes palmes qui décorent le temple, la ville et les rickshaws, et l’installation d’une estrade destinée à recevoir des musiciens dans le temple). C’est un temple immense, où nous n’avons pas accès à tout – certaines salles sont réservées aux pratiquants hindous –, mais ce à quoi nous avons accès est largement suffisant : beaucoup de statues ornent les murs et les piliers (il y a notamment la salle dite des « Mille piliers » où l’on retrouve une bonne partie du panthéon indien), certains plafonds sont travaillés et surtout extrêmement peints, et surtout… il y a foule (oh mais quelle surprise, une foule, en Inde !).
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Comme de bien entendu, il y a aussi une galerie marchande dans ce temple (très biblique tout ça). Les bondieuseries (enfin, les shivaseries) abondent (des abondieuseries ?). Emportés dans notre recherche de sacs pour Julie (et un peu pour nous), nous nous laissons entraîner par une petite marchande très sympathique dans sa boutique. Elle nous montre une photo où elle pose avec son amie française, qui lui a prêté les fonds pour ouvrir son échoppe, et nous explique que, par conséquent, elle adore la France (où elle a passé six mois) et les Français. Et, d’elle-même et sans que nous négocions quoi que ce soit, elle nous fait des rabais sur tout ce que nous achetons et nous offre une multitude de petits cadeaux en plus – et évidemment une tasse de chai… bon il faut dire que Yann a craqué sur une œuvre d’art qui n’est exactement la plus « cheap » du magasin (une sorte de calendrier de l’avent sculpté délicatement dans du bambou fragile et peint à l’encre), alors la dame est contente, elle a bien gagné sa journée – et Yann est content aussi, et comme moi je suis toujours contente quand je dépense des sous… tout le monde est content en somme.
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Nous traînons encore un peu dans le temple pour voir les décorations nocturnes – pour la fête qui se prépare (mais en l’honneur de qui donc ???), la cour intérieur du temple, où se trouve un grand bassin environné de gradins, a en effet été décorée de multiples effigies divines au néon. De nombreuses familles s’installent sur les degrés pour attendre l’ombre qui révèlera ces enseignes à leur vocation lumineuse… ça y est ! Enfin satisfaits, nous repartons… non sans faire un détour par une boutique qui vend des parapluies, car le ciel se met soudainement à fondre et menace de nous noyer sous le déluge.
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Ensuite, il n’y a plus qu’à rentrer… Yann fait un saut dans une échoppe en bas de l’hôtel pour acheter des chips et des gâteaux. Pas très faim, et la flemme de ressortir… soirée télé.
Aujourd’hui, il faut qu’on s’occupe de notre départ pour Pondichéry. Il y a des bus, c’est certain, mais encore faut-il dénicher les horaires, les tarifs, et réserver deux places ! Comme le Routard conseille un endroit sympa pour le petit-dej à deux pas du quartier des agences de voyage (tout est groupé ici, c’est un système corporatif), nous partons, dès 7 heures, pour une petite balade. Mais évidemment rien ne fonctionne comme prévu ! Nous passons dans plusieurs agences avant de trouver la bonne ; la réponse « pour Pondichéry, c’est pas nous » se fait entendre dans chaque agence vers laquelle un précédent agent de voyage nous a envoyés. Enfin, nous tombons sur un vendeur qui semble avoir des bus pour Pondichéry – et justement il y en a un le soir-même ! Hélas… ce n’est qu’un semi-couchettes, le bus-couchettes pour cette destination n’existe pas… Bon, tant pis, on fera l’impasse sur notre confort, on est roots où on ne l’est pas ! Rassurés sur notre départ confirmé pour ce soir, nous cherchons donc le « super petit-dej » promis par le Routard… en vain, le lieu est fermé. Nous atterrissons donc finalement dans un hôtel de luxe où on trouve des petits-dejs continentaux, YES ! Ensuite, c’est reparti pour un tour dans les rues de Madurai.
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Nous prenons à nouveau la direction du temple car derrière celui-ci se niche un petit marché couvert réservé à tous les tailleurs de la ville, ledit marché couvert occupant un bâtiment historique qui fut autrefois lui-même un petit temple… Evidemment, dès que nous y arrivons, un premier tailleur nous alpague : il est sympa, il a une jolie moustache… nous acceptons de venir voir son échoppe en priorité, mais seulement après notre balade dans le marché. Il nous suivra ou nous précèdera donc discrètement, prêt à bondir sur tous les autres marchands qu’il soupçonnerait de vouloir lui voler ses clients ! Le lieu en soi-même est hallucinant : les sculptures mythologiques y surplombent les étals où les tailleurs cousent, tous en rythme, sur de vieilles Singer (ou pas) d’une autre époque, avec derrière eux des étagères d’étoffes de toutes les couleurs soigneusement pliées en carré. L’une des portes du bâtiment donne sur l’arrière du temple de Minakshi, la deuxième, située à l’autre extrémité, mène sur une placette où trône un Nandi malpropre qui se cure le nez en couleurs… Une fois fini notre tour, nous tenons notre parole et venons voir « notre » tailleur, qui nous précède en se dandinant et en transpirant méchamment (il fait horriblement lourd, vous vous en doutez). Il nous propose différents modèles, plus ou moins indiens ou occidentaux, et nous nous décidons pour une tunique en soie bleu pers pour moi, et deux chemises à col indien pour Yann. Elles seront prêtes dans l’après-midi. En attendant, nous allons continuer notre promenade et surtout trouver où manger !
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C’est assez compliqué de trouver un restaurant sans avoir à remonter jusqu’à notre hôtel… nous finissons par découvrir une petite gargote assez propre mais sombre et peu engageante, où le serveur ne nous dit pas un mot – mais nous sert quand même ce que nous avons commandé ! Et nous repartons traîner du côté du temple, un peu désoeuvrés, ne sachant plus comment tuer le temps jusqu’à l’heure à laquelle nous devons récupérer nos vêtements. C’est le Routard qui nous offre la solution : il faut monter sur le toit d’une des grandes boutiques d’objets d’art situées aux alentours du temple pour aller admirer la vue sur celui-ci – et au passage regarder les beaux objets que nous n’avons pas les moyens d’acheter. Nous en choisissons une au hasard – bien nous en a pris, le propriétaire parle bien anglais, il nous fait monter sur le toit gratuitement, puis nous invite à boire un thé et nous discutons pendant un bon moment. Evidemment – et il l’avoue sans jambages –, il aimerait bien qu’on lui achète quelque chose, et nous propose des facilités de paiement, et même la possibilité de commander un objet une fois de retour en France. Mais ses pièces sont magnifiques, il s’agit même parfois d’antiquités – et elles sont donc hors de prix. Je n’achète donc que de petites housses de coussin brodées (que je n’ose même pas marchander après ce moment sympa), et nous repartons traîner sur le petit marché qui se tient dans la rue. On y voit de multiples petits vendeurs et des propositions de services qui nous semblent surannés (comme du rémoulage), et on y propose des fleurs pour les cheveux, que des femmes assises à même le sol cousent en guirlandes ; je me laisse emporter par le plaisir d’embaumer le jasmin, pendant que Yann fait admirer aux dames les portraits qu’il a faits d’elles. Il est à noter qu’ici, nombre de pèlerins (en particulier les femmes et les enfants) se font couper les cheveux en offrande à la divinité ; on voit même des femmes ramasser lesdites chevelures et les entasser dans de grands sacs – il est probable qu’il en est ensuite fait des perruques dont la vente procurera des bénéfices au temple… Ensuite, c’est enfin l’heure d’aller récupérer nos vêtements ! Ma tunique n’est pas parfaite (j’ai l’habitude que mes mesures posent des problèmes aux tailleurs…) donc il faut encore quelques retouches, qui sont faites dans l’immédiat. Voilà !
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Notre bus est à 22 heures, et il n’est que 17 heures, alors Yann me propose une activité photographique : nous nous asseyons le long du temple et nous photographions, à la sauvette, les gens qui passent devant nous… Comme peu à peu la lumière baisse, le défi devient de taille (gérer lumière et vitesse à la fois, le stress !), mais comme de nombreux passants nous repèrent, et viennent spontanément poser pour nous, ça donne une jolie série de saris, de turbans, de crânes rasés, de visages peints en jaune, de doubles boucles nasales ou de boucles d’oreilles…
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Une fois nos bagages récupérés, nous allons dîner puis boire un verre pas loin de l’agence de voyage, devant laquelle le bus viendra nous récupérer dans peu de temps maintenant. Nous sommes très excités à l’idée d’arriver enfin à Pondichéry… d’abord, cela signifie la fin de notre parcours indien – car après Pondichéry, nous nous envolerons pour le Sri-Lanka – ; ensuite, c’est une ville que nous fantasmons depuis déjà longtemps, et que nous voulons confronter à notre rêve – un rêve qui prend un peu la forme d’un projet d’installation, peut-être, un jour… Mon contact pondichérien, Kash, ne pourra pas nous accueillir comme prévu (elle se marie dans deux mois et son fiancé vient d’arriver chez elle), mais elle nous a trouvé deux hébergements, d’abord chez une amie à elle, à la plage, et ensuite en ville. Pour dire la vérité, on a vraiment hâte ! « We wanna be a part of it, Pondi, Pondiiiiiiiiiiiii !!!!! » (1) Mais bon, en attendant, ce n’est pas « la ville qui ne dort jamais » (1) qui nous attend, mais le bus qui ne dort jamais !!! En effet, nous comprenons assez rapidement que l’ambiance déjantée qui règne dans le bus (dans lequel nous avons fini par monter) ne va pas s’arrêter de sitôt : sur un écran central défilent des clips de musique tamoule (avec le son à fond les ballons) qui mériteraient à eux tout seuls une analyse sociologique ; on y voit, par exemple, un jeune homme demander sa fiancée en mariage (oui, il y a des sous-titres en anglais, c’est pour ça qu’on comprend de quoi il s’agit, sinon oubliez-nous hein), parce que s’il ne l’épouse pas, son père (à elle) ne le laissera pas s’approcher plus près ; ou encore (un must celui-ci !) un moustachu à petit bidon se trémousser sur fond de fête de village en clamant « Je suis le meilleur, je suis le Tamoul par excellence, je suis fier d’être tamoul » (ou un truc approchant). C’est fascinant – mais en même temps ça fait très mal aux oreilles. Heureusement vers minuit les portes de l’enfer se referment et nous pouvons enfin tenter de trouver le sommeil sur nos couchettes à demi-inclinables (pinaise, ça fait mal aux jambes !!!). Demain, 5 heures du mat’ : Pondichéry baby !
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(1) Référence à ‘New-York, New-York’, pour ceux qui ne connaîtraient pas.
Raconté par Amélie
Oct 23
Dimanche 21 octobre :
Nous voici donc à Alleppey, la petite Venise indienne !!! Et notre guesthouse est vraiment très jolie, située dans un grand parc excentré où de nombreux petits bungalows se nichent parmi les fleurs… Au pied du nôtre donc, un petit ruisseau où le héron que Yann m’a montré hier est toujours à l’affût – rien de plus normal puisqu’il est en toc…
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Allez, c’est l’heure du petit dej ! Nous nous rendons dans la grande maison principale où notre hôtesse s’active aux fourneaux. Quatre « invités » se tiennent déjà à table et palabrent – très vite – en anglais. A l’accent il me semble reconnaître des Australiens, alors pour en avoir le coeur net je m’immisce dans leur conversation ; et oui, il y a bien une Australienne – les autres sont Néo-Zélandais, et deux d’entre eux sont réalisateurs de documentaires dont le premier film vient de sortir – et ce sont les bénéfices qu’il engrange qui leur permettent de voyager pendant trois mois… je me mets à saliver, et c’est plus à cause de ce qu’ils me racontent que du petit-déjeuner pourtant bien appétissant (si vous ne le savez pas : j’ai toujours rêvé de réaliser des documentaires) ! La conversation est bien sympathique mais je me finis par me rappeler que Yann n’est pas trop du matin et que l’accent néo-zélandais est parfois difficile à comprendre… gagné, il n’a pas suivi la conversation et boude un peu. Les Néo-Zélandais partent donc en vadrouille de leur côté et nous décidons d’aller nous promener un peu en ville avant de nous rendre sur la superbe plage de Marari à dix kilomètres du centre-ville. Il fait une chaleur à crever et une baignade serait la bienvenue… Arrivés en ville nous crapahutons un peu le long du canal qui a valu son surnom à Alleppey, puis dans le centre-ville, relativement petit mais animé. Nous apercevons de loin un éléphant par la porte d’un petit temple interdit aux touristes, et nous nous arrêtons dans quelques magasins, notamment une superbe petite boutique d’épices odorantes où le vendeur me fait sentir et goûter toutes les épices qui m’intéressent – ce qui est un gage de qualité et d’honnêteté. Si vous passez par Alleppey, c’est là qu’il faut acheter vos épices car ce vendeur a parfaitement joué le jeu sans la moindre envie de tricher avec nous ; par exemple, à ma (roublarde) question : « Mais le safran vous le cultivez ici ? », il a parfaitement répondu : « Oh non Madame, en Inde il n’y a qu’au Cachemire que l’on cultive le safran, c’est mon beau-frère, qui est dans l’armée là-bas, qui en achète pour moi. » Résultat : il a toute ma confiance et je lui prends de la cannelle, des noix de muscade, de la badiane et du poivre. Yummy.
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Après grignotage rapide nous arrêtons des rickshaws pour partir à la plage. Les deux premiers refusent les tarifs que nous proposons (ceux du Routard), c’est donc le troisième qui a la joie de nous emmener jusqu’à Marari, au rythme insupportable d’un klaxon de compétition dont il est tellement fier qu’il garde la main dessus pendant presque la totalité de ces dix kilomètres de route ! Je crois que j’ai les tympans qui saignent avant d’arriver à la plage… Sur la route nous admirons le paysage tropical, les faucilles communistes tatouées un peu partout sur les murs, et les multiples églises qui, comme à Goa et à Kochi, nous confirment l’importante présence chrétienne dans la région.
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En tout cas la plage valait bien qu’on s’écorche un peu les oreilles pour l’atteindre !!! Elle est bien plus belle et plus propre que celles de Goa, avec ses hautes franges de palmier vert foncé, sa langue de sable blanc que vient lécher l’eau d’un bleu profond et ses magnifiques barques de pêche colorées disséminées un peu partout comme autant de fleurs géantes. Nous nous baignons puis nous allongeons rapidement pas très loin d’un groupe de touristes qui cuit en silence – il y a relativement peu de monde sur la plage et c’est bien agréable. Je crois même que je m’endors quelques instants, alors que Yann erre au milieu des barques qu’il photographie sous toutes les coutures et sympathise avec des locaux…
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Nous avions négocié deux heures de plage avec notre chauffeur, et nous préférons ne pas le faire attendre – on ne sait jamais, il pourrait se venger avec encore plus de coups de klaxon qu’à l’aller. Il est donc l’heure de partir, d’autant plus que le ciel, au loin, charrie de gros nuages qui ne nous disent rien de bon… Nous nous rhabillons donc rapidement, mais je m’aperçois qu’un jeune Indien, blotti entre deux barques, est en train de me dévorer des yeux pendant que j’enfile une robe sur mon maillot. Et apparemment, ça lui fait de l’effet… je suis obligée d’y regarder à deux fois pour en être sûre… mais oui ! Il est en train de se masturber !!!! Ces lunghi sont bien pratiques pour ça je dois dire, il suffit de glisser la main sous la longue jupe et de ne pas avoir de sous-vêtement… Je vois rouge et j’hésite entre deux réactions différentes (lui fiche la honte en criant très fort et en le pointant du doigt, ou me rapprocher de Yann qui se rhabille un peu plus loin afin de lui refiler la lourde tâche de venger mon honneur) – mais j’hésite un peu trop longtemps et du coup, il a fini son affaire au moment où Yann, enfin averti, tourne la tête vers lui. Voilà une fin de sortie à la plage absolument charmante… En tout cas le temps que nous rentrions en ville, la pluie commence à tomber, et nous n’avons que le temps d’acheter un sac de voyage (car nos bagages vont exploser si nous n’en répartissons pas mieux le contenu) avant de nous rendre au restaurant – un petit restaurant qui ne paie pas forcément de mine mais qui s’avère excellentissime. Le temps que nous dînions la pluie tombe vraiment violemment, et c’est sur les ailes d’un nouvel orage que nous rentrons finalement « chez nous », trempés – après avoir cherché un rickshaw, en vain pendant plus d’une demi-heure, dans ce coin paumé où seul le bouche-à-oreille nous a sauvé la mise (restaurateur envoyant un gamin chercher un rickshaw-wallah dont il sait qu’il crèche pas loin…).
Lundi 22 octobre :
Au petit-dej – que nous prenons cette fois en compagnie d’un couple américano-canadien qui travaille à Singapour – nous décidons finalement de réserver un nouveau tour sur les backwaters, en canoë privé cette fois-ci. Il s’avère que notre hôte de Kochi a bel et bien raconté n’importe quoi lorsqu’il nous a affirmé que les backwaters ne se visitent pas depuis Alleppey ! Non seulement ils se visitent, mais en plus la promenade de 5 heures ne nous coûtera pas vraiment plus cher – alors qu’elle sera privée – que la balade en groupe de Kochi. Donc nous démarrons à 11H, depuis la guesthouse qui bénéficie d’un embarcadère privatif, avec un guide-pagayeur tout gentil qui nous emmène au plus près des berges, le long de petits canaux flanqués d’habitations. Nous achetons quelques fruits et chips à grignoter dans une épicerie en cours de route.
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Par contre, ces gros bateaux magnifiques que sont les kettuvalams, sur lesquels tout un chacun rêve de passer une nuit, commencent vraiment à nous sortir par les yeux – aussi beaux qu’ils soient, ils sont aussi archi-polluants.
(vidéo kettu)
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Et c’est la même vie que partout au bord des points d’eau : les femmes surtout y font la vaisselle ou y lavent le linge, certains y font leurs ablutions et quelques-uns y pêchent. D’ailleurs je crois bien que j’ai privé une dame de son repas du midi lorsque nous nous sommes arrêtés quelques instants pour admirer les rizières : j’ai trouvé un poisson, abandonné dans l’herbe sèche, qui vivait encore et je l’ai rejeté à l’eau (j’aime pas le gâchis…). Ce n’est que plus tard que j’ai vu qu’une dame d’un certain âge essayait de pêcher à deux pas de là… j’en rougis encore.
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Mais il n’y a pas que des êtres humains dans le coin ; ces berges regorgent d’oiseaux, que nous pouvons admirer de bien plus près encore que nous n’avions pu le faire lors de notre première promenade, même s’il pleuviote un peu par moments… Et, cerise sur le gâteau, nous apercevons même, en fin de journée, alors que nous naviguons sur un point d’eau plus large, un aigle pêcheur en train de s’acharner à attraper des poissons ! Et, alors que nous l’admirons, bouche bée, voici que s’approche l’animal le plus extraordinaire que nous ayons croisé jusque là… ça commence par une tache brune dans le lointain, qui grossit jusqu’à prendre la forme d’un animal ailé, assez gros. Un aigle, pensons-nous tout d’abord. Sauf que très vite, ses ailes nous semblent… elles ressemblent à… mon Dieu mais c’est… ce n’est pas possible !!!! Une énorme chauve-souris de la taille d’un rapace est en train de faire presque du rase-mottes en notre direction !!! Nous sommes tellement estomaqués que nous ne pensons même pas à la photographier ou à la filmer. C’est totalement incroyable, et un peu flippant ! Mais que peut-elle bien manger ? Parce que si c’est une suceuse de sang je ne suis pas très à l’aise !!! Mais notre guide nous rassure immédiatement : ces chauve-souris sont frugivores, et leur grande taille n’a d’égale que leur grande gentillesse. Et, pour nous en montrer de plus près, il s’en va cogner légèrement avec sa barque contre quelques grands arbres, histoire d’en déloger quelques-unes, que nous puissions admirer leur vol… nous sommes complètement excités et bien heureux maintenant d’avoir rempilé pour une deuxième session au milieu des roseaux !!!
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Vient l’heure de regagner nos pénates sous un ciel qui menace d’exploser comme la veille – mais pas sans passer boire le thé chez notre guide, qui y tient absolument. Il parle plutôt bien anglais et nous en profitons pour discuter un peu avec lui – c’était difficile dans le bateau puisqu’il se tenait toujours derrière nous… Il nous raconte un peu ses difficultés, dans un marché touristique quelque peu squizzé par les hôtels et les guest-houses qui prennent une grosse commission sur les tours qu’ils négocient – aussi ne pouvons-nous que conseiller aux touristes qui suivront notre route de le contacter directement, c’est bien plus rentable pour lui… Il nous ramène enfin à la guesthouse où nous n’avons plus de chambre puisque nous partons ce soir, en train de nuit, pour l’énigmatique ville de Madurai dont nous ne savons rien d’autre que ce que le Routard en dit : c’est une ville indienne « dans son jus ». En attendant il nous reste quelques heures à tuer, et, pendant que Yann se connecte à internet, je m’en vais expérimenter (pour la deuxième fois de ma vie), le massage ayurvédique. On ne peut pas venir dans le Kerala sans essayer, c’est la spécialité locale ! Bon je reste sur ma première position : c’est bizarre, et à moins d’aimer être trempé dans l’huile comme un beignet qu’on va frire, c’est assez peu agréable. La dame qui me masse est adorable, et certains de ses mouvements me font du bien, mais c’est trop superficiel pour moi qui, depuis la Chine, n’aime que les massages qui vont jusqu’à l’os (façon de parler hein). En plus il faut aimer l’ambiance gynécée, à poil avec une autre femme pour vous aider à vous savonner sous la douche après le massage… non Messieurs, on ne s’énerve pas, pour vous ça serait un autre homme. Eh oui, on préserve la pudeur en Inde ! En tout cas quand je reviens à la guesthouse, raccompagnée par un jeune commis à scooter, je suis on ne peut plus propre et j’ai la peau douce – c’est toujours ça de pris. Et puis vient l’heure de filer car nous squattons le salon d’accueil et, à quelques préparatifs qui s’amorcent, il nous semble comprendre que la prière en famille va commencer – nous ne voulons pas déranger. Un petit mot à ce sujet d’ailleurs ; depuis que nous sommes dans le Kerala nous constatons que le christianisme ici ressemble plutôt à une sorte de syncrétisme, où l’unique Dieu chrétien, dont la Vierge Marie serait la parèdre, serait devenu la divinité suprême d’un petit panthéon de saints. Les maisons sont pourvus d’autels où toutes ces petites divinités trônent, sous forme de statuettes colorées ou de peintures encadrées, nanties de colliers de fleurs et éclairées à la bougie – enfin au cierge. Un christianisme étrange donc, et tout sauf austère – mais normal, l’austérité n’est pas un mot indien.
Nous partons donc avec tous nos bagages en direction d’un restaurant que nous n’avions pas encore essayé car il est de l’autre côté de la ville, en face d’une plage moins jolie que celle où nous avons passé l’après-midi d’hier, mais tout près de la gare. Nous y sommes extrêmement bien accueillis et nous y trouvons tout absolument charmant : c’est en fait une sorte de petite cabane nichée à gauche d’une route (en arrivant de la ville), alors que la plage est à droite de cette même route. Depuis l’étage on aperçoit la mer, de jour, mais il fait nuit et nous ne pouvons que l’entendre. Lampions et ampoules colorés agrémentent la cahute, et on y sert des cocktails (sous le manteau) et des plats délicieux. Un vrai moment de détente avant de nous rendre à la gare pour affronter une nouvelle nuit en train…
Mais à la gare, le Kerala, pour nos derniers instants sur ses terres, nous réserve encore une surprise : dans un arbre planté pile devant l’entrée de la gare nichent des dizaines de ces chauves-souris que nous n’avons pu admirer que de loin. Elles piaillent et se battent pour les fruits qui y poussent et dont elles raffolent… un jeune homme me montre comment lancer un fruit en leur direction pour qu’elles l’attrapent au vol… je n’ai plus envie de partir. Hélas c’est l’heure, le train arrive et le Tamil Nadu nous attend… plus qu’une étape (Madurai) et ce sera enfin Pondichéry, notre dernière ville indienne…
Raconté par Amélie
Oct 21
Branle-bas de combat ! Aujourd’hui nous déménageons, mais ça ne va pas se faire en quelques minutes. Nous arriverons ce soir à Alleppey, la « Venise indienne », après avoir passé une journée entière sur les backwaters – ces canaux et lacs qui développent leur immense réseau, pour partie naturel, sur la longueur d’une partie de la côte kéralaise. Donc il faut un peu d’organisation ! Nous avons réservé le tour sur les backwaters en agence, via notre logeur de Kochi qui nous a promis que nos bagages nous suivraient en voiture et nous attendraient au point d’arrivée du bateau. Ensuite, c’est taxi et bus jusqu’à Alleppey… Alors nous voici, attendant patiemment devant notre maison d’hôtes, qu’une voiture passe nous prendre. C’est un peu trop touristique comme système mais nous n’avons pas vraiment vu comment faire autrement… et j’avoue que la tchatche du logeur l’a emporté au final, car j’avais plutôt prévu de faire les backwaters depuis Alleppey, et non depuis Kochi – mais il m’a assuré qu’à Kochi ça nous reviendrait beaucoup plus cher. Je doute encore, m’enfin…
La voiture arrive et au bout d’une demi-heure environ nous arrivons à l’embarcadère, qui se niche en contrebas d’un pont pas très joli. Un homme descend justement dans l’eau quand nous arrivons, pour effectuer ses ablutions – l’eau est plutôt stagnante et saumâtre par ici pourtant… Nous grimpons dans notre bateau, assez grand pour accueillir une douzaine de touristes, et recouvert d’une coque en osier destinée à nous protéger de la pluie qui ne va certainement pas manquer de tomber à un moment ou à un autre. Nous avons un guide, très sympathique et drôle – surtout quand il joue de son accent indien très prononcé –, et un batelier – qui travaille un peu comme un gondolier, avec une (très) longue gaffe grâce à laquelle il fait avancer le bateau en poussant sur le fond et en repoussant les rives dans les canaux les plus étroits. Notre guide nous explique que nous effectuerons trois arrêts : l’un dans une fabrique qui transforme les coquillages en une poudre utilisable notamment comme ciment (car il y a des coquillages dans les backwaters, eh oui !), l’autre dans une petite entreprise familiale qui travaille la noix de coco (et surtout la fibre de coco), et enfin un troisième arrêt pour déjeuner de façon traditionnelle. Ensuite, l’après-midi se passera à voguer, soit dans ce même bateau en restant sur des espaces plutôt lacustres, soit dans un bateau plus petit qui passera par des canaux plus étroits – mais comme tout bon canoë qui se respecte, ce bateau-là n’aura pas de toit… ce sera à nous de choisir, et ça dépendra grandement du temps !
Et c’est parti ! Nous commençons une promenade très agréable, sous un ciel qui fait un peu la gueule mais ne pleure pas encore, et sur une eau lisse comme un miroir d’argent ; nous croisons rapidement d’autres bateaux comme le nôtre, mais surtout de beaucoup plus grands, les kettuvallams, des bateaux-maisons aujourd’hui convertis en hôtels de luxe – beaucoup plus grands et beaucoup plus polluants puisqu’ils fonctionnent à l’essence et dégueulassent franchement l’eau sur laquelle ils circulent… Par moments c’est presque un embouteillage touristique. Mais nous croisons aussi de beaux oiseaux et c’est bien ce qu’on était venus chercher ! Martin-pêcheurs perchés sur les quelques fils électriques qui passent d’une rive à l’autre ou cormorans aux ailes ouvertes qui prennent le soleil… beaucoup d’oiseaux qui se postent dans l’abondante végétation vert foncé, dans les hauts arbres fruitiers ou non, parmi les grosses fleurs colorées… et même un gros serpent d’eau !!!
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Raconté par Amélie.
P.S. : …et comme on ne vantera jamais assez l’importance de l’autodérision, une petite vidéo neuneue pour (me) rappeler que je ne suis pas si intelligente que ça.
Oct 20
La nuit est donc archi-courte, et c’est dans le doute que, à 5 heures du matin (soit une heure plus tôt que nos prévisions), le train entre dans une gare qui pourrait bien être la nôtre… Nous nous préparons donc à descendre du train : mais sommes-nous au bon arrêt ? Est-ce bien Kochi ? Des Indiens qui se réveillent en même temps que nous nous rassurent : oui, nous sommes bien arrivés. Enfin, bien arrivés, c’est vite dit ! Kochi est une ville construite sur une péninsule et, un peu comme à Hong Kong, il y a plusieurs Kochi autour d’un bras de mer – dont une partie sur la terre ferme, Ernakulam (et non pas Herculanum…), une autre sur une presque-île, Mattancheri ou Fort Kochi, et une île artificielle, Willingdon. Evidemment, le vieux Kochi où nous nous rendons est de l’autre côté du Kochi où est située la gare… VRAIMENT de l’autre côté ! En auto-rickshaw, on en a pour une heure et quart de route… Mais c’est plutôt agréable comme balade ; l’odeur de la mer nous rattrape en route, et bientôt, c’est la mer elle-même qui nous apparaît avec le soleil levant. La fatigue se fait néanmoins sentir et nous avons hâte de découvrir notre lit et de faire une sieste matinale de deux heures afin de ne pas être complètement cassés pour notre première journée dans cette ville mythique. Car oui, Kochi, c’est mythique ! C’est la ville que nous connaissons en Europe sous le nom de Cochin, un ancien comptoir portugais, puis hollandais, puis anglais, où vit la plus vieille communauté juive d’Inde – et sans doute d’Asie. Un creuset religieux en somme, où cohabitent les religions bibliques et l’Hindouisme, mais aussi le seul coin d’Inde où subsiste une très ancienne tradition de pêche, celle de ces filets chinois qui font de magnifiques sujets photographiques, surtout au soleil couchant – nous sommes sur la côte ouest de l’Inde. Une tradition qui fait aussi de Kochi le plus grand port de pêche indien… bref, nous avons hâte ! Et c’est la raison pour laquelle, après avoir réveillé notre hôtelier (moustachu et très bavard) qui nous dévoile un petit salon télé réservé à ses hôtes et une toute petite chambre très propre contiguë à ce salon, nous sombrons dans un sommeil profond et néanmoins chronométré… deux heures plus tard, le réveil sonne, et, après une (merveilleuse !) douche (je rappelle que dormir tout habillé n’aide pas à se sentir propre), nous partons en quête d’un petit déjeuner. Nous le trouvons dans un formidable petit salon de thé niché dans les rues au style colonial qui environnent notre guesthouse. C’est mignon – c’est même adorable en fait. Par contre, ce qui frappe immédiatement, c’est l’impression d’être dans un coin exclusivement touristique… où sont les vrais gens ??? Il n’y a que des magasins !!!
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Une fois (très richement) sustentés nous partons en direction du port ; nous avons un plan de la ville, et nous voulons d’abord voir ces fameux filets de pêche qui nous ont attirés jusqu’ici. Yann surtout a hâte de se confronter au défi de les photographier « autrement »… c’est compliqué en fait car tout le monde fait la même photo, notamment au coucher du soleil. Alors aller les découvrir dès maintenant c’est peut-être aussi l’occasion de réaliser un cliché pas trop… cliché. A priori ils ne sont pas loin… ah tiens, oui, ils étaient même plus près que prévu ! C’est tout petit en fait, le vieux Cochin… nous nous arrêtons au bord de l’eau dans un « café » qui a eu la bonne idée d’installer des tables pile en face des filets de pêche géants, et qui, qui plus est, propose des jus de fruits frais maison très alléchants… L’occasion d’observer en se régalant le manège des corbeaux qui gravitent autour des filets de pêche auxquels ils viennent voler par instant un ou deux poissons… drôle de constater qu’il n’y a d’ailleurs pas une seule mouette… les corbeaux, ces envahisseurs en groupes organisés, les ont toutes chassées. Ils restent donc seuls à disputer aux hommes les profits de leur pêche. Les filets qu’on utilise ici fonctionnent selon un système précis : montés sur un mécanisme de bois, ils sont d’abord plongés dans l’eau grâce à un système de bascule efficace (augmenté du poids de deux pêcheurs qui circulent sur les rondins arrimés au filet). Au bout de quelques minutes, le filet est remonté (grâce à une corde lestée de lourdes pierres et tirée par quatre autres pêcheurs), et les deux hommes présents à côté du filet déchargent alors ce dernier des poissons dont il est désormais plein. Le courant étant fort sur cette berge, aucun filet ne remonte totalement vide… Mais comme les images sont souvent plus parlantes que les mots, à vous de vous faire une idée du système…
Nous nous en donnons donc à cœur joie et photographions les filets et les pêcheurs vêtus de façon traditionnelle du lungi (prononcez loungui) si caractéristique du sud que nous avons remarqué depuis que notre train est entré dans le Kerala ; il s’agit d’une sorte de jupe longue, ou d’un pagne dont la longueur exacte est celle de la jambe, mais qu’il est loisible de remonter à la hauteur des genoux en le repliant – un peu comme une couche-culotte en fait – afin de se libérer de l’entrave qu’il peut représenter pour les jambes. Toujours fascinés par le travail, les techniques, l’artisanat, nous observons avec attention comment les pêcheurs récoltent leur poisson. Et, contrairement à d’autres touristes, aucun pêcheur ne nous propose de venir poser (contre rémunération) avec lui ; peut-être ont-ils senti que nous ne cherchions pas la photo « typique » ou « souvenir », mais que nous voulions véritablement comprendre comment ils travaillent ? Toujours est-il que le sujet nous inspire, et que nous décidons d’y revenir le soir-même pour le fameux coucher de soleil.
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Ensuite nous continuons sur notre lancée en suivant le bord de mer, ce qui nous donne l’occasion de faire encore quelques jolies photos. Kochi est une sorte de Venise indienne ; des canaux vont de la mer jusqu’à l’intérieur de la ville, et on y verrait presque passer des gondoliers ! Enfin, des mecs en barque quoi…
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Cette longue rue qui suit le bord de mer s’appelle Bazaar Road. Elle ne porte pas (ou plus) très bien son nom car les magasins n’y sont pas si nombreux, même si l’on trouve quelques vendeurs d’épices appétissantes et de fruits tropicaux alléchants. Par contre, l’architecture coloniale y est ici moins mignonne – et donc plus intéressante – que dans le coin plus touristique où nous vivons ; les murs y sont colorés mais décrépits et leur aspect en devient presque charnel – comme une peau humaine…
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On remarque aussi de nombreuses bêtes, quelques vaches et buffles mais beaucoup moins nombreux qu’on en avait pris l’habitude en Inde – et surtout des chèvres. Des chèvres aventureuses que les rickshaws et les vélos ne gênent en rien…
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Nous finissons par atteindre le Dutch Palace, le palais qui était le but de notre promenade du jour ; converti en musée, on ne peut y prendre de photo, mais l’exposition permanente nous apprendra au moins quelle est l’histoire de la ville de Kochi. Nous tombons dans une arrivée massive de groupes de touristes de toutes nationalités… l’horreur. Ca commence déjà à nous peser un peu, mais ce n’est rien comparé à ce qui va se passer quelques instants plus tard lorsque nous atteindrons la synagogue ! L’ancien quartier juif est en effet devenu quasiment exclusivement une zone de boutiques devant lesquelles se tiennent des chalands bien décidés à vous harponner pour que vous entriez dans LEUR magasin et surtout pas dans celui du voisin – qui vend la même chose que lui. Du coup, nous reculons même devant la possibilité de visiter la synagogue – où viennent de s’engouffrer avant nous environ un demi-millier de vieux-et-gros-messieurs-dames-en-short avec leur guide… Loin de moi l’idée de fustiger ces gens qui ont au moins le mérite (et la chance) de voyager loin de chez eux et de vouloir découvrir des cultures étrangères. Mais l’attitude générale de ces énormes groupes de nantis qui viennent claquer leur fric sans se poser de question et sans faire l’effort de parler un minimum l’anglais (et donc sans parler avec aucun autre Indien que leur guide, qui ne leur dit par ailleurs rien d’autre que ce qu’ils veulent bien entendre), qui se comportent en néo-coloniaux en critiquant tout ce qu’ils voient, entendent ou sentent qui les dépayse par trop et surtout, tout ce qui n’est, au fond, pas occidental, ou qui dégainent leur appareil photo comme au zoo, sans sourire à celui qu’ils photographient et qui n’est, finalement, rien de plus à leurs yeux qu’un objet ou, au mieux, un animal… bref, cette attitude nous débecte – pardon de le dire aussi sèchement. Evidemment, il y a des exceptions à ce portrait peu flatteur… mais peu. Celui qui désire voyager autrement, en réalité… voyage vraiment autrement. C’est le cas par exemple de ces trois femmes que nous recroisons dans Kochi après les avoir vues pour la première fois dans le petit train d’Ooty ; elles ont l’âge de nos parents et sont parties sac au dos et Routard sous le bras à la rencontre de l’Inde du sud pendant trois semaines… bref, elles voyagent comme nous ! Nous sympathisons rapidement en quelques phrases devant la synagogue qu’aucun de nous ne visitera…
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Nous restons particulièrement frappés par le mélange de religions qui caractérise la ville.
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Nous rentrons ensuite vers notre home. Nous n’avons pas déjeuné, il est 16 heures, nous avons faim et nous mourons de soif ! Qui plus est, le trajet pour descendre au Dutch Palace depuis les filets de pêche s’est avéré plus long que prévu et que nous peinons déjà à l’idée de devoir le refaire en sens inverse… Nous avions repéré un restaurant tentateur à-peu-près à la hauteur des filets de pêche, et ça nous semble une bonne idée d’aller y boire un verre et grignoter un peu en attendant l’heure du coucher de soleil. Nous embarquons donc dans le premier rickshaw que nous trouvons, et poireautons agréablement jusqu’au tomber de la nuit…
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Après cela, c’est restau (miam, le bon poisson de Kochi que nous partageons avec un chat quémandeur !), et dodo !
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Aujourd’hui, notre hôte, toujours moustachu et de plus en plus bavard, nous donne les photographies que nous lui avions demandé de tirer pour nous – car il s’avère qu’il est photographe. Ces photos, nous voulons les envoyer aux Rathod, cette famille d’Intouchables du Gujarat qui nous avait si chaleureusement accueillis après notre fuite de Tarnetar et dont nous avons appris il y a quelques jours le triste deuil : leur fils, Mehul, est mort dans une rixe pendant le festival, et ils nous ont contactés afin d’obtenir les photos que nous avions faites avec eux, les seules photos qu’ils aient de leur enfant… une horrible histoire qui nous préoccupe beaucoup. Nous préparons donc ces photos que nous leur enverrons dès que possible, puis partons essayer le petit-déjeuner dans un autre lieu recommandé par le Routard : une galerie-café.
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Le petit déjeuner est délicieux et la galerie s’avère un lieu très agréable. Nous l’abandonnons presque à regret afin de continuer notre visite de Kochi. Comme nous ne nous intéressons plus trop à ce Kochi trop touristique que nous avons appréhendé hier, nous nous enfonçons dans le cœur de la vieille ville en direction du quartier musulman. Il y a des boutiques beaucoup plus authentiques, de vêtements principalement, mais aussi des salons de coiffure à l’occidentale (en mode « Toi aussi tu veux la frange de Justin ou de Zac » ?), et des gens qui vivent réellement là… une femme prépare ses nans à même le trottoir et son beau sourire nous engage à la photographier. J’entre dans tous les magasins, à la recherche d’une robe rose pour notre nièce (il faut voir comment sont habillées les petites filles ici, même les plus pauvres… des robes de princesse, à volants et paillettes !) et de chaussures qui font « couic couic » pour notre neveu (ces chaussures que nous avons repérées depuis Chandigarh aux pieds de tous les petits garçons). Je finis par trouver une boutique où l’abondance de robes me fait penser que nous allons enfin trouver notre bonheur, et Yann vient me rejoindre pour choisir celle qui sera sous le sapin à Noël. Dans un magasin pas très loin, nous trouvons aussi les chaussures qui iront à William – même si Yann, grand petit garçon, repart déçu de n’avoir pas trouvé – c’est le cas de le dire – chaussure à son propre pied ! Par contre le même problème que la veille se pose : pour boire un truc, ou pour déjeuner, il faut revenir dans le quartier touristique où nous logeons : ici, rien de rien.
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Nous reprenons notre balade sans nous éloigner cette fois-ci car à 17 heures il y a Kathakâli dans un centre à proximité ! Le Kathakâli, c’est cet art ancestral du Kerala qui mélange danse, théâtre, musique et religion, et qui se pratique normalement pendant des nuits entières dans les temples, mais dont certains centres culturels proposent (heureusement pour nous qui ne sommes sans doute pas assez aguerris pour subir une représentation complète) des extraits représentatifs. Donc nous voici errant dans les alentours à faire quelques achats, et échouant finalement devant la cathédrale que nous avions entrevue la veille et que nous visitons aujourd’hui, à côté de laquelle, ce soir, s’entraînent de jeunes écolières en robe bleue. A quoi s’entraînent-elles ? A faire les majorettes et à la fanfare, pendant que d’autres écolières, plus jeunes, jouent autour d’elles. Notre arrivée, comme celle d’autres touristes, fait figure de grosse attraction aux yeux des plus petites, qui se jettent sur nous afin de nous poser des questions essentielles : « What’s your name ? », « How old are you ? », « Where do you come from ? », « What is your mother’s name ? », « What is your father’s name ? » « What is your religion ? »… Par souci de simplifier les choses, à la dernière question, je réponds : « christian » (chrétienne). Difficile en effet d’expliquer à des minettes de sept-huit ans le concept de déisme… et bien m’en prend car leurs visages se mettent à rayonner quand elles apprennent que nous avons la même religion qu’elles – une religion existante mais tout de même minoritaire en Inde. En tout cas comme d’habitude, la caméra les fascine – surtout quand je tourne l’écran vers elles et qu’elles s’aperçoivent elles-mêmes sur l’image.
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Mais l’heure tourne et nous devons quitter nos petites amies si nous voulons avoir le temps de grignoter un bout avant le pestacle : nous choisissons un excellent petit restaurant où le service est hélas un peu lent. Du coup, nous manquons le début de la démonstration de Kalapariyat, un art martial kéralais très très impressionnant (à mes yeux du moins, novice que je suis) qui se pratique à mains nues, au bâton, au couteau, et avec une sorte de fouet à deux lames souples visiblement archi-dangereux. Les pratiquants se mettent très rapidement à transpirer tant l’effort, même s’il est bref, est intense… et la démonstration s’achève par une mise en pratique, avec nous, d’un mouvement de défense – je sais maintenant comment faire si l’on cherche un jour à m’étrangler !
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Enfin commence l’instant tant attendu (enfin, surtout par moi car Yann ne sait pas vraiment où il a mis les pieds !) : pendant que l’acteur principal s’installe sur scène pour se maquiller devant nous, bientôt rejoint par un maquilleur qui va lui fabriquer une « barbe » en papier mâché, puis par le deuxième acteur qui se préparera lui aussi sous nos yeux, des assistants mettent en place, quant à eux, l’espace scénique ; le Kathakâli étant un art religieux consistant dans la mise en scène de récits mythologiques hindouistes, la scène comme l’orchestre doivent être « sanctifiés ». Des dessins sont donc tracés à la craie sur le sol, des guirlandes de fleurs posées au cou des statuettes de divinités qui ont été amenées sur la scène, et de l’encens est mis à brûler juste sous notre nez.
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Le maître de cérémonie, qui depuis le début introduit toutes les démonstrations, nous résume ce qu’est le Kathakâli, un art où le texte est chanté par les musiciens et où les acteurs, eux, n’échangent pas de paroles et doivent donc tout exprimer par leur attitude corporelle (notamment les mouvements des mains qui sont très signifiants) et surtout leurs mimiques. Lesdites mimiques sont dès lors extrêmement codifiées afin que le public puisse instantanément comprendre de quoi il retourne ; la couleur du visage, telle que la crée le maquillage, donne une indication sur le rôle joué – femme, homme, démon… – ; le visage est utilisé sous ses moindres coutures – bouche, nez et yeux sont expressifs. L’acteur qui interprète ici le rôle féminin (car, comme souvent dans l’histoire du théâtre traditionnel, les femmes ne sont pas admises sur scène) vient donc nous faire une démonstration de ses capacités oculaires…
On nous explique ensuite à quel extrait nous allons avoir droit : il s’agit d’un passage où un valeureux fils de roi est confronté à l’amour passionnel qu’une démone a conçu pour lui. Elle tente de le charmer sous les apparences attractives d’une femme magnifique, mais, face à des refus motivés par le respect que le jeune prince voue à son père, le seul à même de lui choisir une épouse, elle reprend son visage démoniaque et il n’a d’autre choix que de la tuer. La démonstration en elle-même est drôle, surtout grâce à l’acteur qui joue le rôle féminin, mais quelque peu répétitive à nos yeux et nos oreilles occidentaux… pas toujours facile d’apprécier une culture à laquelle on ne connaît rien.
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Lorsque nous émergeons du centre culturel, la nuit est déjà tombée mais la pluie, elle, n’en a pas fini de tomber : l’averse devient même un orage extrêmement violent. Nous filons sous l’eau cinglante jusqu’au restaurant où nous avions déjeuné à 16h, afin de dire adieu comme il convient aux délicieux fruits de mer de Kochi… demain en effet, nous partons pour une promenade sur les backwaters, ces canaux qui font l’attraction de la région, mais au lieu de revenir à Kochi nous en profiterons pour aller à Alleppey, un peu plus au sud.
Raconté par Amélie
Oct 18
…ou plutôt Ooty-Mettupalayam , Mettupalayam-Coimbatore, Coimbatore-Kochi. Bref, que du simple, rapide… efficace quoi. Surtout quand on sait que le trajet Ooty-Mettupalayam prend à lui seul environ trois heures et demie – un délai utilisé à franchir 45 kilomètres seulement… Alors pourquoi ne pas rallier directement Coimbatore depuis Ooty, en bus ? Eh ben parce que nous sommes maso, voilà tout. Et puis aussi parce que le petit train qui relie Ooty à Mettupalayam est en réalité un train panoramique, bien lent, certes, mais qui traverse des zones de montagne magnifiques – c’est ce qui se dit en tout cas. Pour tout vous dire, nous avons même décalé notre date de voyage du 16 au 17 lorsque, à la réservation, nous nous sommes aperçus que le train était déjà complet le 16. Alors nous voici, avec tous nos gros sacs, prêts à embarquer dans le plus mignon petit train du monde, que nous attendons patiemment dans la plus mignonne petite gare du monde…
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Ca y est, le voici, on embarque. Je termine la conversation que j’étais en train d’avoir avec une jeune musulmane Indienne, professeur d’anglais au Koweit (très sympa et souriante, et suffisamment indépendante pour confier son fils de deux ans à son mari le temps de discuter tranquillement avec moi) et nous grimpons. Première (mauvaise) surprise : il n’y a pas vraiment de sièges mais des bancs minuscules et très inconfortables, peu pensés pour des grandes papattes et des gros popotins européens… Deuxième (mauvaise) surprise : il n’y a aucun espace pour ranger les bagages… et je rappelle que nous avons deux sacs chacun, dont deux grands qui ne se glissent pas sous les bancs… ha ha ha. Au début tout va bien, la voiture n’est pas blindée, nous posons donc nos sacs sur des bancs inoccupés. Mais très rapidement – puisque le train fait tous les arrêts qui existent dans cette zone montagneuse – le wagon se remplit, au point que dans les classes inférieures des grappes humaines débordent des portières et que de nombreux Indiens font le trajet assis sur les marchepieds… Un contrôleur fort mal-aimable vient alors nous rappeler que les bancs sont faits pour les personnes. On sait bien, lui disons-nous, et pas de problème, on les enlève. Mais maintenant, on les met où ? Dans des conditions différentes il nous aurait sans doute dit de les garder sur nos genoux, mais là, entre nos corps et le dossier du banc de devant, il n’y a pas de place pour un sac. Alors il nous désigne le couloir… Mais, objectons-nous, les gens ne pourront plus passer ! C’est oublier où nous sommes… l’Inde, c’est comme la fausse pub des Nuls : « Hassan Cehef, c’est possible ». Ici, on s’accommode de tout. Et personne ne nous fusille du regard en essayant de passer entre les sacs amoncelés (il n’y a pas que les nôtres), même pas cette femme en sari (je rappelle qu’un sari ne permet pas de faire de réelles enjambées) qui se retrouve la cheville coincée entre mon sac et celui de Yann et y abandonne même une sandale… Tout le monde, au contraire, continue de nous sourire. Impossible de ne pas songer, par contraste, à ces joyeux Parisiens qui profitent de l’heure de pointe, dans le métro, pour se donner de tendres accolades avec des sourires qui remontent jusqu’aux yeux… bref, en Asie, la mauvaise humeur, ça n’existe pas. D’ailleurs, l’ambiance est très bon enfant : certains passent le trajet à moitié penchés à la fenêtre à essayer d’attraper les plantes qui tendent leurs rameaux jusqu’à eux ; et, à chaque tunnel franchi (et il y en a quelques-uns), un « hoooouuuuuu » général se fait entendre, commencé par les adultes et attendu avec impatience par les enfants – Indiens et touristes ensemble.
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Cela dit, il nous reste un troisième écueil à franchir : qui de nous deux aura droit de s’installer à côté de la fenêtre pour prendre les photos et les vidéos ? Attention, c’est un motif de divorce pour le moins ! Car si, au début, nous nous sommes assis l’un derrière l’autre, maintenant que le wagon ressemble plus à un wagon à bestiaux qu’à un mode de transport humain, impossible de rester chacun sur un banc, et surtout, impossible de songer à alterner régulièrement, vu la difficulté de se mouvoir entre les sacs et entre les bancs… Je laisse donc Yann, photographe officiel du voyage, prendre la place à côté de la fenêtre, et je m’incruste régulièrement sous son aisselle pour profiter, moi aussi, du paysage. Et, en effet, celui-ci est magnifique : les villages de montagne se succèdent, les plantations de thé suivent les rizières, et nous croisons, à la vitesse euh… disons catatonique, qui est la nôtre, des gens que nous avons le temps de détailler autant qu’ils ont celui de nous sourire avec curiosité. Certains marchent le long de la ligne de chemin de fer, d’autres nous font signe depuis leurs maisons colorées construites en bordure de rails ; les enfants surtout saluent avec chaleur. Il faut noter ici une intention louable du gouvernement du Tamil Nadu : dans le train, comme dans toutes les gares, des panneaux demandent aux voyageurs de prendre soin de la nature et de ne pas jeter leurs détritus n’importe où – une habitude indienne très difficile à abandonner. Et d’ailleurs, la preuve : la jeune femme qui se tient devant moi et qui distribue des gâteaux à son bébé ne se pose pas de questions ; à chaque gâteau désenveloppé, le papier qui le recouvrait finit balancé par la fenêtre. Ca me hérisse, mais je ne vais pas donner de leçons aux gens dans leur propre pays.
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Nous marquons plusieurs arrêts dans de jolies petites gares, et, dans l’une, ce sont des singes qui sont presque sur le point de monter à bord. Visiblement habitués aux largesses des voyageurs, ils viennent quémander de la nourriture. Pendant qu’ils font la quête, les mécanos en profitent pour graisser un petit coup la vieille locomotive à vapeur – une locomotive qui crache beaucoup de fumée, ce qui commence à devenir gênant au bout d’une heure (surtout pour les asthmatiques comme moi).
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Et enfin, nous finissons par arriver à Mettupalayam – annoncée par un changement de paysage radical : les eucalyptus et les pins cèdent la place aux palmiers et aux cocotiers qui clament haut et fort que nous sommes arrivés dans le Kerala – où nous avons deux heures d’attente… nous poireautons donc dans la gare, aux environs de laquelle il n’y a absolument rien, en grignotant et en buvant des boissons sucrées vendues à la buvette locale. Evidemment, comme le soir tombe, de très vilains moustiques attaquent – et c’est à cela que nous reconnaissons que nous avons changé d’altitude. A ça, et à la chaleur poisseuse qui règne dans le coin… Les moustiques sont tellement féroces que nous sommes obligés de nous asperger de produit, et surtout d’en asperger aussi nos sacs ! Et puis survient une autre sorte de gêneur – comme un moustique géant en somme : le gars qui a très envie de faire ta connaissance mais qui ne connaît que quelques mots d’anglais. Alors, il te les répète en boucle. Et à la fin de chaque boucle, il te sert la main – faisant naître en toi l’espoir que cette boucle-ci était la dernière – sauf que non, ça recommence ! On ne sait plus comment s’en dépêtrer, de ce jeune juge de profession, très excité par l’idée d’avoir des amis partout dans le monde. Parce que, en Inde, on est amis en deux secondes hein, ça c’est une règle. Donc voilà, nous sommes maintenant ses amis, il a mon email, et j’attends avec impatience qu’il m’écrive… (soupir).
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Ensuite, nous prenons à nouveau le train pour trois-quarts d’heure de trajet, accompagnés de blattes – ce qui ne nous plaît pas beaucoup, car nous appréhendons d’avoir les mêmes compagnons de voyage dans le prochain train, celui où nous passerons « la nuit » (c’est-à-dire celui où nous tenterons de grapiller environ cinq heures de sommeil). Mais ce trajet passe vite et en plus – de façon assez surprenante en Inde – nous sommes seuls sur notre banquette. Enfin, c’est l’arrivée à Coimbatore : quatre heures d’arrêt environ – et on crève de faim, donc trouver où dîner s’impose. Mais avec nos énormes sacs, impossible d’aller bien loin. En face de la gare, un resto immense et blindé se dresse avec à-propos : c’est là que nous nous réfugions, espérant y passer au moins trois heures. Problème : le service est tellement efficace, et le public tellement nombreux, que nous parvenons tout juste à y rester une heure. Ensuite, il nous faut dégager rapidement, et nous finissons par échouer dans un bar assez glauque – glauque mais clean en fait. C’est étrange, à part dans les villes « modernes » comme Delhi, Bangalore et, évidemment, Bombay, aller dans un bar semble assez mal vu en Inde. L’alcool est quand même synonyme de mal ici – et quand on voit dans quel état ils peuvent se mettre et la violence qui en résulte, on peut comprendre. Du coup, les entrées des bars se cachent dans des recoins (ici, dans un parking !). Quant à l’ambiance, même si le bar est propre – version sanitaire presque, ou hôpital – les néons foireux qui s’allument parfois dans la quasi-obscurité n’évoquent chez nous que l’impression de se trouver dans un bar à putes du plus mauvais acabit. Mais faut pas se plaindre : on peut y boire un verre, et y patienter largement plus confortablement que dans la gare de Coimbatore. C’est d’ailleurs presque une obligation de boire, puisque les softs n’existent pas dans ce bar. En gros : on vient ici pour se bourrer la gueule et pour rien d’autre – ah si, pour fumer aussi puisqu’ici les cigarettes ne sont pas interdites. Les serveurs sont assez avisés pour servir beaucoup de petites choses à grignoter avec les boissons, histoire, sans doute, d’éponger… si nous avions su nous aurions moins bâfré au resto d’à-côté !
Bon, sur la fin, on n’en peut vraiment plus. La fatigue se fait sentir et nous nous mettons à rêver de nos couchettes probablement inconfortables – mais tellement bienvenues ! Il nous faudra patienter encore plusieurs grosses dizaines de minutes à la gare, en compagnie d’un énorme cafard très propre, qui passera cinq minutes au moins à se récurer les antennes, et de quelques Indiens endormis à même le sol, avant de pouvoir monter dans notre dernier train pour cette nuit. Nous devons arriver à Kochi vers 5 heures du matin ; le propriétaire de la guesthouse que j’ai réservée a affirmé que cela ne posait pas de problème, alors on devrait se retrouver dans un vrai lit vers 6 heures… en attendant, les couchettes feront l’affaire, et ce d’autant plus que notre wagon dort déjà. Nous n’avons plus qu’à nous glisser sous les couvertures, et c’est parti pour une très courte nuit !!!
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Oct 17
Nous voici donc sur la route dans un mini-bus empli de touristes – mais exclusivement indiens, à l’exception de deux Européens largués… devinez qui ? Et le voyage commence par le genre de trucs qui rassure vraiment les Indiens, mais inquiète les étrangers qui se demandent de quoi on peut bien essayer de se protéger ainsi : une bénédiction du bus ! Le chauffeur fait en effet un arrêt aux abords d’un minuscule sanctuaire d’où s’extirpe un moine bouddhiste émacié nanti d’un plateau portant une bougie… Il s’approche alors pour venir bénir le véhicule et son chauffeur – pendant que nous faisons nos propres prières pour rester en vie.
Nous manquons un peu de place sur les deux fauteuils qui sont les nôtres puisque nous avons les pieds directement au-dessus des marches (donc au-dessus du vide) ; heureusement, les Indiens ont tout prévu et nous sortent de nulle part une petite grille qui, en recouvrant le vide, nous permet au moins de poser nos petons. Ca reste un peu inconfortable, mais il n’y a que… euh… six heures de voyage, donc tout va bien. Et c’est un voyage plutôt agréable car tout le monde s’intéresse beaucoup à nous, et essaie de nous intégrer à l’ambiance sympathique – quoi que bruyante – qui règne dans le bus ; on nous offre des cacahuètes, on nous réclame des chansons, on nous pose les traditionnelles questions : « Where do you come from ? », « What’s your name ? », « Are you married ? », « What’s your job ? » – mais aussi une plus rare : « What’s your income ? » – autrement dit « Combien vous gagnez ? ». Bon, j’avoue, à celle-ci j’ai refusé de répondre… je ne connais pas les revenus des gens qui sont en face, mais il y a de grandes chances qu’ils gagnent bien moins que moi – sauf qu’évidemment, leur expliquer que 1000 euros en France ça n’est vraiment pas assez pour bien vivre m’aurait lancée dans des explications trop longues et trop compliquées. Donc j’ai un peu pontifié en expliquant que ça ne se faisait pas de poser cette question, que c’était bien trop personnel – réaction bien française qu’habituellement j’abhorre – et qui n’a pas été bien comprise par mes vis-à-vis je crois. D’ailleurs on n’a pas dû sembler trop sympa à nos amis si conviviaux, parce que, la chanson, on ne l’a pas chantée – impossible, étonnamment, d’en trouver une qu’on connaissait tous les deux, et impossible aussi de chanter en solo (on n’en a pas l’air, mais c’est qu’on est timide) ! Encore que nous avons dû sembler suffisamment agréables pour qu’on vienne piocher des gâteaux directement dans mon sac sans rien me demander auparavant… aucune éducation ces Indiens on vous dit !
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Sur le chemin d’Ooty nous faisons plusieurs arrêts. Le premier me permet de nourrir une vache et son veau avec des bananes – mais c’est uniquement parce que la grosse bête a réclamé d’abord. J’ai senti quelque chose me pousser par derrière : c’était son mufle de grosse gourmande. Les Indiens qui m’environnaient m’ont alors expliqué qu’elle était friande de bananes, alors je suis partie en acheter. Vision assez bizarre que celle de la vache qui vient quand on l’appelle et qu’on lui tend une carotte – euh une banane. Sensation assez bizarre que celle de la langue de la vache s’enroulant autour de la banane… Bref, moment assez bizarre – mais rigolo.
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Au deuxième arrêt, nous sommes déjà en montagne et c’est au tour des singes de venir réclamer à manger… Nous sommes donc environnés d’animaux morfales très habitués à la présence humaine, et les Indiens se précipitent pour les nourrir de cacahuètes. En fait, ils donnent des cahouètes aux singes comme quelques minutes auparavant ils nous en donnaient à nous… tirez-en les conclusions qui s’imposent.
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Les quelques grosses bêtes que nous croisons lorsque nous traversons l’un des plus grands parcs nationaux d’Inde (parce que, oui, la route traverse le parc… un truc très logique dans le cadre de la protection de l’environnement) sont beaucoup plus farouches. Elles se résument plus ou moins à des daims, au lieu des éléphants espérés, car la plupart des animaux (pas fous) fuient la route (on s’en serait douté… surtout vu la vitesse et le son de notre véhicule, qui ne roule pas vraiment dans le respect des limitations de vitesse prescrites). Donc pas d’éléphants pour nous – pourtant on a scruté ; c’était un peu notre seule chance de faire un « safari » en Inde, car les parcs sont encore fermés (fin de la saison des pluies, et apogée de la saison des amours). Par contre, à la place des grosses bestioles, on a droit à des virages en épingle à cheveu pris aussi vite que cela est possible. Quand je dis « aussi vite que cela est possible » je n’entends pas « légalement possible » mais bien « techniquement possible »…
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Plus nous montons, plus le paysage est joli – mais plus le temps se rafraîchit, évidemment. Nous craignons de plus en plus passer nos quelques jours à Ooty sous la pluie… et ça ne loupe pas, si l’arrivée ne se fait pas sous la pluie, c’est en début de soirée que l’orage nous tombe finalement dessus. On nous dépose au lac, et puis il faut négocier un rickshaw (plus cher qu’ailleurs, zone de montagnes oblige) ; on a ensuite à peine le temps de s’installer au YWCA (un joli bâtiment totalement humide et mal chauffé, de style colonial et bourré de signaux chrétiens – du crucifix à la prière affichée au mur) que ça commence à tomber. Nous sautons le déjeuner car on ne propose que du riz et du dal (une sorte de soupe de lentilles très bonne mais qui constitue la base de l’alimentation en Inde du nord, à tel point que nous ne pouvons plus en voir en peinture) et nous nous autorisons une sieste dans notre chambre qui a l’air d’un petit cottage. Nous préférons passer commande pour le dîner, histoire d’éviter le dal, et dès 18 heures, affamés, nous retournons dans la salle à manger nous sustenter d’une soupe et de nouilles. Puis nous redescendons les cinquante marches qui mènent à notre chambre, située en contrebas du site et nous couchons devant la télé, frigorifiés, dans notre lit trop petit pour le mètre 86 de Yann, et dont les draps humides et froids se réchauffent peu à peu au contact de la bouillotte que j’ai louée (en supplément)… une journée très active donc. Mais comme demain c’est le jour du trekking, il nous faut reprendre des forces… le réconfort avant l’effort quoi.
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Aujourd’hui nous partons avec quatre autres touristes et un guide pour 18 kilomètres de marche à travers les collines d’Ooty. Oui, vous avez bien lu : 18 kilomètres. Une paille. C’est pas que j’appréhende, mais je me demande quand même à quel point les collines en question sont vallonnées… et, dès les premières minutes, le ton est donné : on n’est pas là pour muser, le nez au vent, un trekking c’est (aussi) du sport et pas que de la balade. Donc on marche vite, et – oui – ça grimpe un peu. Le résultat, c’est que « ventoline » se met très rapidement pour moi à rimer avec « meilleure copine »… mais rien de vraiment impossible à gérer au final. Et puis, la balade est vraiment magnifique : ça vallonne et ça moutonne sérieusement dans le vert, avec la ponctuation régulière des moutons gardées par des paysannes tribales aux tenues colorées et des maisonnettes quasiment fluorescentes groupées en tous petits villages. Et au loin, d’immenses eucalyptus tendent leurs branches vers un ciel d’un bleu pur… d’ailleurs, constatant que j’ai quelques problèmes de souffle, notre guide me colle d’office une feuille d’eucalyptus sur la gorge – médecine traditionnelle il paraît. Ca ne peut pas faire de mal en tout cas… Dans les mêmes eucalyptus, nous apercevons très vite un groupe de langurs dorés (des singes noirs couronnés d’une étrange perruque décolorée de pouff… pardon, de bimbo), éminemment plus sympathiques que le gang de frelons agressifs qui nous a valu, quelques instants plus tôt, un accroupissement affolé dans l’herbe rase de la prairie. Bon, OK, soyons honnêtes : qui a valu à tout le monde, sauf moi, un accroupissement affolé… parce que moi, moi qui suis apiphobe quand même, les frelons, je ne les ai pas vus… et du coup, lorsque le guide nous a intimés : « Sit down please », j’ai juste répondu « pas envie ». Ha ha. Bref, les langurs sont donc beaucoup plus sympa que les frelons…
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Derrière le grand bois d’eucalyptus, ce sont les plantations de thé qui commencent. L’une, immense, est une propriété privée que nous sommes autorisés à traverser à condition de ne pas prendre de photos (grosse frustration pour Yann). Dommage, car nous y croisons des paysans souriants au travail – en pleine pesée des feuilles récoltées. Mais l’interdiction de prendre des photos cesse après deux kilomètres, et, quoi qu’il en soit, elle ne gâche en rien le plaisir : la balade est merveilleuse, paisible et splendide, et s’effectue par un temps magnifique… ah, je suis à court de superlatifs !
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Au bout de plusieurs heures de marche, et après avoir laissé partir deux des autres touristes participant au trekking car ils ne font qu’une version abrégée de notre propre parcours, nous arrivons aux abords d’un petit cours d’eau ; on croise de belles petites vaches au poil luisant, ainsi que de tous jeunes veaux joueurs comme de jeunes chiens qui viennent réclamer notre attention. On voit que ces vaches-ci n’ont vraiment rien à voir avec les vaches des villes, parfois maigrissimes et pelées, toujours nourries aux ordures… du coup je prends plaisir à les caresser – attention : vidéo neuneue…
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Nous traversons un hameau, au bout duquel des paysannes travaillent dans des champs de légumes. Leurs vêtements archi-colorés tranchent de façon drastique sur le vert lumineux des jardins… nos appareils nous démangent. A ma demande, elles acceptent d’être prises en photo – mais elles ne reprennent pas le travail et gardent la pose jusqu’à ce que nous leur signalions que nous avons fini. Pas idéal pour la vidéo…
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Encore un peu de marche et nous arrivons dans un village ; c’est là que nous allons déjeuner. Nous sommes un peu inquiets – tout comme les deux Européennes de l’est qui nous accompagnent – car le resto de village où notre guide nous engage à entrer n’est qu’un boui-boui. C’est super sympa et totalement authentique, mais l’ombre de la vilaine tourista (pour ne pas dire celle de la fièvre typhoïde) plane en Inde pour les touristes sur toutes les denrées qu’on peut appeler « street-food »… et lorsque le serveur se met à passer entre les tables couvertes de mouches pour nous servir sur des feuilles de journal une nourriture puisée à même son seau, nous frémissons. Mais la faim – et la politesse que nos parents nous ont enseignée – sont les plus fortes : nous mangeons. Cependant, le fait que la nourriture s’avère délicieuse ne nous rassure pas pour autant… seule la dextérité du préposé au thé, qui jongle avec le liquide brûlant et le tord en ruban d’un récipient à l’autre, nous détourne un peu de notre inquiétude sanitaire. Mais la preuve qu’on n’aurait pas dû s’inquiéter, c’est que rien ne s’est passé du tout dans nos intestins ni nos estomacs dans les heures ni les jours suivants…
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Le ventre bien plein, nous repartons pour une deuxième village aux couleurs incroyables – pourtant l’Inde nous a largement habitués à une explosion de couleurs permanente, mais là… c’est le degré ultime de la fluorescence ! Les paysans y sont un peu froids à notre égard mais les enfants, comme d’habitude, ravis de poser pour nous.
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Dernière étape – et là, il s’agit de grimper sérieusement, puisque c’est un point de vue de toute beauté sur la vallée qui nous attend au sommet de la colline sur laquelle nous nous engageons. Mais avant de pouvoir en bénéficier, il nous faut tout d’abord traverser un troupeau de buffles aux mufles inquiets qui frémissent à notre passage ; certains sont en pleine baignade dans un petit bassin en contrebas, d’autres broutent – même si notre arrivée les interrompt dans leur activité. Mais leur gardien est là, et il les rassure. C’est d’ailleurs la première fois que nous voyons des buffles blancs – étonnant.
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Arrivés au bout de notre grimpette, nous traversons un dense bosquet de mimosas délicieusement odorants (ils dégagent un parfum à la fois vert et vanillé, un régal), et d’un coup – le panorama s’offre à nous… une montagne en face de nous barre la vallée qui s’étend à nos pieds et se prolonge, sur notre droite, jusqu’à l’immense horizon dans lequel elle se noie… c’est un point de vue de bout du monde, un de ces endroits où les Bushmen viendraient jeter les bouteilles de coca maudites qui tombent du ciel et mettent l’avenir de leur tribu en péril…
Notre guide s’installe sur un rocher plat, accompagné de la chienne qui a décidé de nous suivre depuis notre sortie du village, et nous nous asseyons avec eux face au paysage pour un bout de conversation et d’admiration partagée. Au bout de quelques instants, il nous désigne, sur la montagne d’en face (qui se trouve à de nombreux kilomètres), un point qui nous semble imaginaire et nous affirme : « Elephant. » Mais oui bien sûr, dis-nous que tu as des yeux bioniques… Sauf que, munis du téléobjectif, il nous semble… oui… on dirait… on dirait bien un éléphant ! Incroyable – à plusieurs kilomètres de distance, sans jumelles ni appareil oculaire d’aucune sorte, ce type a distingué un jeune mâle solitaire traquant l’herbe à flanc de montagne… dingue.
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Et le trekking touche alors à sa fin… nous redescendons par le même chemin vers les champs où les paysans continuent de bosser d’arrache-pied…
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Nous avançons jusqu’au village où notre expérience de l’Inde rurale va se conclure par un retour en bus vers Ooty. Et quelle expérience ! De quasiment-vide lorsque nous le prenons, le bus devient rapidement une illustration de la surpopulation indienne : les petits écoliers qui tentent de rentrer chez eux après l’école s’entassent autour de nous – voire sur nous en fait – et des grappes humaines s’amoncèlent et se suspendent aux portes qui restent – comme toujours en Inde – grandes ouvertes pendant le trajet… et encore, nous ne voyons pas ce qui se passe sur le toit ! Emporté par la foule (qui nous traîne, nous entraîne, nous éloigne l’un de l’autre), Yann disparaît de mon champ de vision, et, lorsque le guide me signale qu’il est temps de descendre (et qu’il faut faire vite avant que la foule agglutinée dehors dans l’espoir d’avoir à son tour bientôt le droit de former un puzzle 3D géant dans le bus, ne réalise une poussée vers l’intérieur avant que nous ne soyons sortis), je me transforme en demi de mêlée – un peu inquiète, une fois sortie, de ne pas voir le flux continu de ceux qui me suivent charrier un grand escogriffe français d’un mètre 86… Mais ça y est, Yann apparaît enfin, et nous nous dépêchons de rentrer dans nos pénates, menacés par l’orage qui tombe, a priori, tous les jours à la même heure… raté. Nous sommes complètement saucés, malgré nos K-way, en quelques secondes – et un chauffeur de rickshaw s’arrête même à notre hauteur pour nous proposer de nous ramener à bon port (ou presque, car son stand est à deux pas de la YWCA) et ce gratuitement… la gentillesse indienne a encore frappé ! Et pour tout vous dire, quand Yann essaie, malgré tout, de lui offrir un billet en échange de la course, il refuse…
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A la base, nous voulions quitter Ooty aujourd’hui, mais le petit train panoramique hautement réputé que nous voulons absolument prendre pour retrouver les joies des grandes villes était déjà plein lorsque nous avons réservé ; il restait quelques places à la date de demain, aussi bénéficions-nous d’un jour supplémentaire dans la région. Enfin, je dis « bénéficier » mais la vérité est que nous ne savons pas trop quoi faire… le climat pluvieux de fin de journée nous incite à ne pas sortir trop tard, et nous rêvons de manger autre chose que de la soupe et des nouilles (ou du dal et du riz…), donc nous décidons de partir déjeuner en « ville ». Et avant cela, d’aller visiter le jardin botanique qui, semble-t-il, est sympa – même si nous nous demandons à quel point nous allons le trouver intéressant après le superbe trekking d’hier… Nous nous dirigeons vers le stand de rickshaws de la veille en espérant retrouver notre chauffeur serviable et lui proposer une course – rémunérée cette fois… et c’est lui qui nous trouve avant que nous n’atteignions le stand. Le jardin botanique s’avère très sympathique ; Yann s’enthousiasme pour les oiseaux, les fleurs énormes et multicolores, et les arbres géants, et il tente d’acheter quelques graines dans la serre – mais seules quelques modestes variétés sont disponibles, et c’est en sortant du jardin, dans le petit marché adjacent, qu’il complètera sa collection. Va savoir maintenant si toutes ces plantes accepteront de pousser dans le climat tropical du Loiret…
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Dans le même marché, nous tombons sur les boutiques de chocolat pour lesquelles Ooty est célèbre ; c’est en effet l’une des seules régions d’Inde où la température est assez clémente pour permettre aux Indiens de manger du chocolat sans qu’il ne leur fonde sur les doigts… Hélas, ledit chocolat n’est pas exactement délicieux – même s’il se laisse manger, évidemment. Nous en profitons pour acheter quelques produits locaux, notamment au santal, et des huiles essentielles, comme de l’eucalyptus.
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Hélas, trois fois hélas, pas de restaurant occidental à l’horizon… l’ombre sinistre du dal semble se profiler lorsque soudain… ! nous apercevons un petit café à l’américaine qui propose du fast-food, des glaces et des boissons… hourra, la civilisation !!! Nous y passons une bonne heure avant de rentrer tranquillement à l’hôtel. Et notre séjour à Ooty s’achève sous la traditionnelle pluie de fin d’après-midi… on s’y fait…
Raconté par Amélie
P.S. : et, comme dans les bonnes séries, on vous propose aujourd’hui un petit bonus…
Oct 14
Encore une grande ville indienne, avec son lot de quartiers typiques, de monuments antiques ou modernes, et son artisanat réputé (les objets en bois de santal, la soie et les pashminas). La ville est surtout connue pour son énorme palais, célébration dans la pierre de la renommée de la famille royale locale dont le règne a cessé il y a bien longtemps, mais qui a en tout cas fait construire ce palace magnifique et totalement mégalo au tout début du XXème siècle. Pour nous, Mysore c’est surtout une ville-étape sur la route d’Ootacamund (à vos souhaits), encore appelée Ooty, une petite station de montagne qui abrite les plus belles plantations de thé d’Inde du sud… Ne sachant pas trop ce qu’il y a à voir ici, à part le palais que, paraît-il, il faut absolument aller admirer en soirée le samedi et le dimanche uniquement (car alors illuminé par la magie de la fée Electricité) – raison pour laquelle nous arrivons un vendredi et repartons un dimanche –, nous acceptons d’embaucher un rickshaw-wallah pour la journée : lui, il sait où nous emmener… Et d’ailleurs on compte sur lui parce qu’on a hâte de sortir de note hôtel, qui est vieillot et, surtout, d’un glauque flippant (ces murs verts et carrelés jusqu’à mi-hauteur et cet éclairage au néon nous font fuir notre chambre sitôt habillés). D’ailleurs hier nous n’avons même pas dîné ici, mais sommes allés manger au restau-sur-le-toit de l’hôtel voisin : vachement plus sympa.
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Bref, nous voilà partis avec un chauffeur absolument charmant même si son nom est imprononçable (raison pour laquelle, dans cette chronique, nous l’appellerons « l’homme de Mysore »). Il nous explique qu’on va commencer par le temple de Chamundeshwari (ça aussi c’est difficilement prononçable en fait…), ou autrement dit le temple de Parvati/Durga. Parce que oui, dans l’Hindouisme, un dieu peut en cacher un autre… petite parenthèse donc, pour vous expliquer que dans l’Hindouisme, il y a environ 30000 divinités (oui, vous avez bien lu…) mais qu’en fait une seule divinité peut en faire plusieurs compte tenu de : 1- ses multiples incarnations et réincarnations successives (ce qu’on appelle des « avatars », comme par exemple ceux de Vishnou qui prend forme humaine à chaque génération, histoire de sauver un peu le monde, on peut citer Krishna et Rama), et 2- sa propension à porter un nom différent en fonction de l’attitude qu’elle incarne. Par exemple, Durga est, tout d’abord, un avatar de Parvati, et possède, ensuite, neuf formes différentes selon le pouvoir incarné par elle à tel ou tel moment, chacune portant donc un nom différent : on va vous épargner, mais citons par exemple, Lalita (« celle qui joue ») ou Bhairavi (« celle qui donne la mort »… bah ouais, faut pas trop l’énerver, Durga). Chamundeshwari est encore une autre forme de la déesse, qui fait référence à une légende particulière ou elle vainquit deux personnages maléfiques. En gros, dans ce temple de Mysore, on révère Parvati-sous-sa-forme-de-Durga-au-moment-précis-de-sa-victoire-contre-les-frères-Asura, ce qui se résume par le nom de Chamundeshwari… finalement plus facile à prononcer que la longue épithète ci-dessus. Voilà, fin de la parenthèse, vous pouvez respirer.
En tout cas, la montée au temple, situé sur une haute colline, est un vrai plaisir, même si la vue reste encore un peu bouchée à cette heure matinale (on devine seulement les forêts de bois de santal avoisinantes). S’extirper de la pollution de la grande ville est bienvenu, et les abords du temple, très animés, sont, ma foi, fort sympathiques.
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Raconté par Amélie
Oct 13
Hampi c’était donc de la balle. Maintenant, il faut revenir dans la grande ville (les Indiens disent une « metro », comme dans « métropole ») pour y reprendre des forces avant de repartir plus au sud. Et puis, il nous reste cette histoire de bagages à renvoyer en France que nous ne pouvons plus remettre à plus tard, maintenant que nous devons recommencer nos trajets en bus…
Après une nouvelle nuit dans le train-couchettes, moins agréable que la première car nous sommes cette fois quatre dans notre « compartiment », nous arrivons tôt le matin à Bangalore. Kirthi n’a répondu à aucun de mes messages/appels, je suis un peu inquiète, nous ne savons pas où aller… Du coup c’est Sai qui nous récupère, car il a, lui, décroché son téléphone… Il nous donne son adresse et nous filons chez lui, très surpris qu’une jeune femme nous ouvre la porte ; nous ne le savions pas en couple… et c’est alors que je reconnais Meera, une excellente danseuse de Bollywood que j’ai connue lorsqu’elle avait 16 ans et qu’elle débutait la salsa, et qui était venue passer quelques jours chez moi à Shanghai avec son pygmalion Anup lorsqu’elle avait 20 ans. Bref, tout ça me fait bien rigoler : c’est un peu les Feux de l’Amour à Bangalore ! Tous les salseros que j’ai connus en couple se sont séparés et recasés avec d’autres salseros que je connaissais aussi (pas qu’à Bangalore d’ailleurs), comme si personne n’osait (ou ne voulait) aller chercher chaussure à son pied en dehors du milieu salsa. Au temps pour l’exogamie. En tous les cas c’est Meera, accompagné du chien Pemba avec qui Yann va devenir très copain, qui nous ouvre la porte et qui nous prépare le petit-dej, « parce que la femme de ménage de Sai est en congé » dixit. Sic. Eh oui c’est ça les hommes indiens : ils ne savent pas faire cuire un œuf ou laver une chaussette ! Meera, qui a donc son propre appartement et qui, d’habitude, ne dort pas toutes les nuits avec Sai, s’est donc installée chez lui pour trois semaines jusqu’au retour de sa femme de ménage. Ça en dit long sur le statut de l’épouse en Inde… Cela dit ça fonctionne pour tous les deux, ils sont contents comme ça, et nous accueillent avec beaucoup de gentillesse. Meera est bavarde comme tout, elle est contente de pouvoir parler de ses souvenirs avec moi, elle qui a arrêté la danse à la demande de ses parents qui voulaient qu’elle ait un « vrai métier », et qui en crève un peu plus chaque jour… L’appartement de Sai, un appartement de famille, est située dans une résidence chicos et entièrement décoré avec des photos du gourou de la famille, Sai Baba (…et devinez maintenant pourquoi Sai s’appelle Sai…), un petit Indien décédé il y a peu de temps, qui arbore fièrement une touffe de cheveux digne d’orner la tête d’un acteur de la Blaxploitation. Comme ça m’intéresse de savoir qui est cet homme, Sai (le nôtre) me tend une revue où figure un hommage à Sai (le sien) Baba. C’est intéressant parce que, dans la bio du monsieur, on retrouve beaucoup d’éléments « mythiques » qui figurent dans plein de religions – à commencer par le christianisme -, comme la révélation dès l’enfance de l’exceptionnalité du prophète/gourou, qui prononce des paroles de sagesse démontrant sa transcendance à l’âge où les autres gamins font arheu arheu. Je précise que « guru », en hindi, ça veut dire « maître », et qu’il n’y a aucunement l’idée de secte et/ou de danger derrière le mot dans ce pays. Au contraire, il évoque la sagesse et, par là-même, provoque le respect chez tous les Indiens – et ce quelle que soit leur religion. Nous avons par exemple beaucoup vu, depuis que nous sommes ici, des images et des statuettes d’un petit bonhomme à barbe blanche coiffé d’un bandana rouge (ce qui a lui valu d’être surnommé « père Noël » par Yann, toujours très respectueux des choses de la religion), qui, apparemment, n’appartenait à aucune religion précise mais s’est fait aimer de tous pour ses paroles d’amour et de tolérance. Du coup, on trouve son image chez les Hindous, les Sikhs, et même, semblerait-il, les Bouddhistes et les Jaïns (etc etc). Fin de la parenthèse religieuse.
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A 9H Sai nous embarque pour le studio où il a à faire, et puis nous partons pour la Poste où Kirthi nous rejoint avec nos deux sacs (car oui, nous avons DEUX sacs à renvoyer)… et les ennuis commencent. Franchement, envoyer un paquet en France depuis l’Inde ça s’avère plus compliqué que le Routard ne le disait. D’abord, les tarifs ne sont pas ceux que j’ai trouvés en ligne : « Ah ben oui mais ça c’est parce qu’ils viennent de changer ! » me dit l’employé – Moi : « Mais quand ? » – « Oh euh, hier ou avant-hier… »… ben voyons. « Ou alors c’est parce que c’est différent d’un Etat à l’autre. ». Oui. Ou alors c’est encore une autre raison mais on n’en saura pas plus, pas la peine de s’énerver. Ensuite, le système le plus rentable (avion + bateau, envoi sous trois à six semaines) n’existe pas. Pourquoi ? On n’en saura rien. Résultat, il faut payer bonbon puisqu’il nous reste l’avion (cher) ou le bateau (trop long). La bonne nouvelle par contre c’est qu’ici, ils s’en foutent de vérifier le contenu du sac (on n’est plus au Cachemire) : « Vous avez des liquides ou des produits électroniques dedans ? » – « Non. » – « Bah c’est bon. » Ah ben OK alors… Par contre pour les cartons ou le papier-bulle, ici, tu peux te brosser ; il faut ressortir de la Poste, aller chez le tailleur à un bloc de là, consolider le sac un peu vide par endroits en l’enserrant dans une gaine de scotch (« Vous avez du scotch ? » – « Non. ». Bon, alors d’abord : aller acheter du scotch), faire coudre ton sac dans autre sac (en tissu, sur mesure), écrire l’adresse de l’expéditeur, celle du destinataire, et des mentions « fragile » partout, au marqueur sur le tissu (« Vous avez un marqueur ? » – « Non. ». Bon, alors d’abord : aller acheter un marqueur), et ensuite revenir à la Poste en faisant une croix sur le papier-bulle et en priant pour que rien ne soit pété pendant le transport. Et puis faut pas être pressé parce que, chez le tailleur, chacun son rôle : celui qui prend les mesures ne coud pas, et celui qui coud à la machine n’est pas le même que celui qui coud à la main ; or nous avons besoin des deux (le premier pour fabriquer le sac sur mesure, le deuxième pour finir de fermer le sac en tissu une fois notre sac bardé de scotch enfermé dedans… Et nous avons deux sacs en plus car 22 kilos à renvoyer (or la Poste ne peut acheminer que des paquets de 20 kilos maximum) – mais vous croyez que le quatrième larron (dont nous n’avons pas compris la fonction) aurait pu se lever du tas de tissu sur lequel il se vautrait pour venir donner autre chose que des directives – genre un coup de main, par exemple pour coudre le deuxième sac en même temps qu’un autre tailleur avançait sur le premier ? Ben non, chacun son rôle, chacun sa place. Et nous voilà sept à regarder bosser le tailleur-machine, qui, tout seul, finit proprement l’espèce de taie d’oreiller dans lequel un autre tailleur finira de coudre notre sac… Logique interne à l’Inde, pays de plus d’un milliard d’habitants où chacun doit trouver un métier, et personne ne prendre le métier d’un autre…
Ensuite retour à la Poste, mais nous sommes tous les quatre inquiets : ça nous semble bien peu protégés tout ce matos. Et Sai et Kirthi, qui nous ont pris en main, décident qu’il vaut mieux attendre un peu et chercher du papier-bulle pour mieux protéger les sacs, et revenir les poster demain. Bon. En attendant on s’en va manger puis faire un tour au centre commercial pour nous remettre de toutes ces émotions, et puis Sai nous remmène dîner chez lui, où Meera, en bonne petite femme au foyer, nous a préparé à manger et lavé notre linge (on se moque pas, on remercie)…
Dans la matinée nous partons en quête de papier-bulle… ça ne se trouve pas à tous les coins de rue et nous crapahutons pas mal (heureusement, en voiture) avant de trouver notre bonheur. Et comme vous l’aurez deviné, après cela, c’est retour à la Poste – et avant ça, retour chez le tailleur pour faire rouvrir (oui vous avez bien lu : ROUVRIR !!!!) les sacs si péniblement cousus la veille. Cent fois sur le métier… On se sent comme des Pénélope obligées de défaire leur précieuse broderie… Mais Yann et Sai avancent rapidement avec le papier-bulle, et c’est bardés de scotch et du fameux papier protecteur que nous refourrons les sacs dans les taies, et que le tailleur-main recommence son travail. Ensuite il ne faut plus que quelques instants pour confier les sacs au postier, avec un intense sentiment de délivrance – et quand même un peu d’inquiétude.
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Sai et Kirthi sont, du coup, assez à la bourre dans leur programme, et nous les laissons repartir (avec beaucoup de remerciements) après nous avoir déposés au centre commercial, où nous mangeons un bout avant de filer à la gare routière et d’embarquer pour Mysore. Renouer avec les bus indiens nous procure une joie que j’aurais du mal à vous dissimuler – heureusement, le trajet n’est pas long et un gentil rickshaw-wallah nous embarque dès notre sortie du bus en direction de notre hôtel. Nous le réservons pour la journée du lendemain, qui sera la seule que nous passerons dans cette ville et que nous voulons bien remplie…
Raconté par Amélie
Oct 11
Nous arrivons en gare de Hospet à-peu-près reposés, la nuit a été calme. Maintenant il s’agit de prendre la navette pour Hampi, située à moins de quinze kilomètres de là. Mais dès notre sortie du train, les rickshaws-drivers sont là, et l’un décide de ne pas nous lâcher d’une semelle : il est de Hampi et veut se trouver des clients pour assurer la course de retour jusque chez lui… On finit par céder, et nous voilà en route pour le village dont tout le monde nous a dit : « Il faut ab-so-lu-ment y aller !!!! » Hampi est en fait bien plus qu’un village, un énorme site archéologique qu’il faut prendre au moins deux jours pour visiter. Ça tombe bien : nous nous en accordons trois. Ramesh, notre rickshaw-driver, traverse le village (guère plus de deux rues où les chèvres broutent au milieu des boutiques – visiblement, le coin est touristique) pour nous déposer tout au bout de celui-ci, en bordure de rivière, dans la guesthouse que nous avions réservée ; elle possède un restaurant « multi-cousins », comme l’indique le panneau – argument non négligeable (comprendre « multi-cuisine »).
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C’est bucolique à souhait : de petits bungalows rustiques (les lattes des cloisons ne sont pas exactement jointives et l’intimité n’est donc que très relative… bienvenue amis papillons, geckos, et moustiques !), groupés autour d’un espace restaurant, surplombent la rivière. De gros rocs ronds semblent flotter au milieu de celle-ci – et nous en avons vu d’autres sur le chemin. Le paysage est original ici… Evidemment, notre nouvel ami Ramesh ne se contente pas de nous déposer à bon port, il essaie aussi de nous vendre ses services pour le lendemain. Et, même si ça nous semble très cher, nous prenons en effet l’option « visite des monuments archéologiques en auto-rickshaw » avec lui, car Yann a un accès de paresse et refuse de partir sur l’option vélo qui m’enthousiasmait plus… pas grave, aujourd’hui on va marcher ! On nous a dit (et nous avons lu) qu’il faut absolument traverser la rivière pour aller voir un peu ce qui se passe de l’autre côté. Aussi partons-nous en direction du grand temple du village (toujours en activité celui-ci), pour le visiter avant de monter dans la petite barque qui fait la navette entre les deux rives. La « grande » artère qui mène au temple est bordée de bâtiments détruits, on croirait qu’un tremblement de terre a eu lieu… En fait, nous apprendrons plus tard que le gouvernement a décidé de débarrasser cette rue de toutes les constructions trop touristiques qui y avaient poussé comme des champignons (restaurants, hôtels et guesthouses), histoire de lui garder sa vocation sacrée (voie d’accès au temple).
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Le temple lui-même est plutôt grand pour un si petit village, et nous avons la surprise d’y trouver une éléphante qui incarne la déesse de la fortune Lakshmi et, en tant que telle, se charge de bénir les passants qui lui versent une obole (car rien n’est gratuit dans l’hindouisme). Les parents aiment surtout présenter leurs enfants à l’éléphante-déesse, même si ça en fait pleurer quelques-uns… Allez, je me lance à mon tour : c’est mouillé dans sa trompe, là où on dépose sa piécette, et un peu surprenant – mais la bénédiction en elle-même est plutôt sympa. Sentir une trompe d’éléphant se poser sur sa tête, ça n’a pas de prix ! Enfin, si 5 roupies… De plus, un local nous signale que l’éléphante Lakshmi prend son bain tous les matins dans la rivière adjacente, à 8 heures précisément, et que c’est un chouette spectacle. Promis, on ne le manquera pas !
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De façon moins surprenante le temple est aussi plein de singes qui courent parmi les sculptures et jusqu’au sommet du gopuram (la tour ornée de moult statues qui marque la porte d’entrée du sanctuaire) et qui se font offrir à manger par les passants…
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Derrière le temple une colline surprenante s’élève ; on la dirait faite toute de pierre, même le sol – ce qui lui confère un aspect lunaire très bizarre. Plusieurs petits temples y sont bâtis, et on y vient aussi pour admirer la vue sur le village. Des touristes indiens nous réclament de poser (gratuitement) avec nous, alors que des « saddhus pour touristes » se baladent en espérant pouvoir monnayer une photo… Inde, terre de contrastes.
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Ensuite nous descendons jusqu’à la rivière ; c’est l’heure du lavoir, quelques femmes font leur lessive, debout ou accroupies dans l’eau, battant et tordant le linge puis l’étendant sur les gradins qui descendent jusqu’à l’eau. Autour d’elles, toujours ces rocs étranges, parfois sculptés de bas-reliefs et notamment du taureau Nandi, qui regarde toujours dans la direction de Shiva… et en effet, un peu plus loin, un petit temple abrite une statue naïve du dieu. Et en contrebas de celui-ci, encore un autre bâtiment – temple désaffecté ou lavoir ? – depuis lequel on attend la navette pour passer sur l’autre rive.
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Nous attendons donc quelques instants puis embarquons dans une barque chargée à bloc ; je suis même à genoux par terre au milieu des Indiennes que ça fait marrer. Heureusement le trajet ne dure que deux minutes, et nous débarquons au paradis des rizières, des bananeraies, et des rocs géants dont la couleur oscille entre le gris et le rose… un paysage magnifique s’étend en effet devant nous. Et plus nous grimpons parmi les rocs, plus ça devient magique : les rizières, de vertes, deviennent dorées avec la lumière qui baisse ; les rocs amoncelés à l’horizon nous évoquent un Colorado jamais vu mais toujours fantasmé ; des myriades de lézards, d’oiseaux et de papillons fournissent à Yann mille occasions de se rouler par terre pour « capter l’instant » où la bête est un peu immobile (bon, OK, moi aussi je me vautre un peu par terre pour filmer un lézard)… en bref, c’est magnifique, et complètement inédit. Nous passons donc un petit moment dans nos rochers, avant de redescendre en direction de la rivière, à l’heure où les buffles rentrent à la ferme.
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Du coup c’est à l’heure du coucher de soleil que nous retraversons la rivière, pour retourner vers notre guesthouse. J’en profite pour aller causer avec les chevreaux qui ont leur étable à deux pas… bêêêê !!!
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A l’heure du dîner, nous prenons place à l’une des tables extérieures : mal nous en prend ! Car c’est aussi l’heure du dîner des lézards, puisque des milliers de larves de… sauterelles ? libellules ? s’extirpent laborieusement des racines de l’arbre où leur mère les a pondues, pour foncer vers le ciel en un tourbillon d’élytres maladroites. Mais sur leur chemin, il y a notre lampe, et certaines se prennent dans l’illusion lumineuse. C’est alors que les lézards, postés silencieusement à l’affût, peuvent se régaler… L’un d’entre eux, que nous ne verrons qu’au dernier moment, se tient même sur le rebord de notre table… une larve vient se jeter directement dans sa gorge, et, sa proie aussi sec avalée, monsieur repart le plus simplement du monde : en saut périlleux arrière. Bref, tout ça pour vous dire que, si le spectacle est fascinant, le repas servi assaisonné d’élytres et les chocs incessants des petites bestioles affolées tombant dans nos cheveux ou contre notre visage n’est pas bien ragoûtant. Les deux petits chiots du propriétaire (Julie et Tony) s’en donnent à cœur joie par contre… On se rapatrie vite fait bien fait dans la grande salle commune pour dîner assis sur des coussins devant un film ; et, grâce à la gentillesse du propriétaire de la guesthouse, Yann obtient même (sous le manteau) des bières (alors que la vente d’alcool est interdite dans le coin)… Et puis au lit, sous la traditionnelle moustiquaire qui ne s’est jamais avérée plus utile qu’à Hampi (non seulement pour nous protéger des moustiques mais aussi de toutes les autres petites bestioles qui prennent pension chez nous… comme des grenouilles par exemple).
Journée de visites avec notre rickshaw-driver Ramesh. On va essayer de faire bref pour vous laisser découvrir les photographies – pas la peine de faire des descriptifs des temples hein ! Disons pour résumer que Yann avait sans doute raison d’être paresseux… le site de Hampi est en fait très étendu et en vélo il nous aurait fallu du courage (surtout par ce cagnard). Ce qui, en fait, ne nous a pas empêchés de marcher puisque certains monuments sont reculés au fond d’une enceinte interdite aux véhicules. Quelques temples sont petits (mais très originaux, comme le temple englouti, a priori volontairement construit partiellement sous l’eau), d’autres sont énormes et construits sur des rocs du modèle de ceux que nous avons escaladés hier – beaucoup possèdent des vues magnifiques. Il n’y a d’ailleurs pas que des temples mais aussi de nombreux bâtiments royaux (bains de la reine ou du roi, palais, bâtiments administratifs pour la Cour, écuries royales – pour les éléphants, excusez du peu… – etc…). Tous sont recouverts de bas-reliefs magnifiques (attention, enthousiasme d’ancienne élève en archéologie !) mettant en général le dieu Rama à l’honneur, ou encore montrant de nombreuses figures d’apsaras (des nymphes-danseuses) ou d’autres divinités hindoues, ou bien enfin dépeignant des scènes de chasse au tigre (ou au gibier) ou des batailles à dos d’éléphant.
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Certains bâtiments sont encore en usage mais la plupart sont des ruines archéologiques bien entretenues, mais où les chèvres, les bœufs et autres chevaux viennent brouter, et où les petites couturières/brodeuses/tricoteuses viennent faire leur travail un peu à l’ombre… Nous en avons rencontrées deux avec qui nous avons tapé la discute (dans la mesure de nos moyens, vu leur degré d’anglophonie !). Et un peu partout, les Indiens ont continué de nous demander des photos… on s’habitue.
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Le midi notre chauffeur nous a emmenés dans une espèce d’arrière-boutique de restaurant qui ne payait vraiment pas de mine – le coin ne regorge pas de quatre étoiles il faut dire. Mais le tout c’est que ce soit propre – et ça l’était. Ça nous a permis de discuter un peu avec lui, vu qu’il parle vraiment pas mal anglais : il a trois filles et, contrairement à ce qu’on pourrait penser d’un Indien des couches populaires, pour qui une fille c’est une bouche à nourrir pour rien puisqu’une fois adulte elle appartiendra à sa belle-famille – il en est ravi. Autant vous dire que tous les Indiens ne sont pas des parricides en puissance, en voilà encore une preuve… Et dans l’après-midi, après une dernière visite, c’est nous qui l’avons réveillé de sa sieste pour qu’il nous ramène chez nous. C’est une institution la sieste ici (il faut dire qu’il fait trop chaud pour vraiment bouger vers 14 heures), et les gens dorment là où ils sont : les vendeurs sur leurs étals, et les chauffeurs dans leurs véhicules. Une fois revenus dans Hampi-village, on a fait un peu de shopping, puis je suis partie me faire masser (par une villageoise, et c’était bien !) pendant que Yann retournait sur la colline lunaire reprendre quelques photos. Et le soir, après le dîner à la lumière des bougies, nous avons encore trouvé une (petite) grenouille dans notre bungalow…
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Aujourd’hui, la mère de toutes les grenouilles a élu domicile dans notre bungalow… branle-bas de combat, celle-ci est vraiment énorme, et tient en fait plutôt du crapaud que de la grenouille ! Pour la mettre dehors il nous faut cette fois l’aide de l’un des serveurs, qui la capture dans un sac en plastique pour la relâcher un peu plus bas dans la rivière…
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Après ce petit intermède nous pouvons partir en direction du temple, où nous avons décidé, suivant le conseil des Indiens rencontrés le premier jour, d’aller admirer la baignade de l’éléphante. Et franchement, bien nous en prend… c’est hallucinant ! Nous arrivons juste avant elle sur les marches qui se cachent derrière le temple, et assistons alors à un spectacle fascinant. Le dépaysement est total ; imaginez cet énorme éléphante descendant avec délicatesse les marches pour se rendre à la rivière, où l’attendent déjà une demi-douzaine de prêtres immergés jusqu’à la taille, accompagnée de son cornac et saluée par les génuflexions des Indiens présents qui se rendent au bain ou au lavoir en même temps qu’elle. Une fois arrivée dans l’eau, la bestiole lâche une énorme bouse qui semble ne déranger personne – en plein dans l’eau où les femmes sont déjà en train de tordre leur linge – puis se prête à tout un rituel avant de pouvoir effectuer sa propre toilette : il s’agit de participer à la prière collective en arrosant les prêtres qui marmonnent devant elle, et le tout-venant qui souhaite participer, tout ceci au milieu – toujours – du shampouinage des unes et de la lessive des autres… Enfin, obéissant aux ordres de son cornac, l’éléphante s’agenouille, puis se couche dans l’eau, et un premier nettoyage commence, qui se poursuit quelques instants plus tard dans un autre coin, afin de laisser les prêtres continuer leur prière… Incroyable on vous dit. En plus, la toilette en question dure une bonne heure, pendant laquelle la grosse bébête se laisse consciencieusement frotter au grattoir dans tous les sens – en ayant vraiment l’air d’apprécier. Et moi je rêve de participer à ça et de grimper, moi aussi, sur l’éléphante, pour lui frotter les oreilles à l’éponge. Mais ça n’arrivera pas ; on ne m’invite pas à participer. En revanche, nous profitons du spectacle avec beaucoup d’émerveillement – faut dire que ça ne nous arrive pas tous les jours de croiser une éléphante à la baignade !
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Après cela, nous louons une petite mob pour partir en vadrouille jusqu’aux cascades de Hampi – un endroit que ne mentionne pas le Guide du Routard mais dont on nous a parlé sur place. Hélas, la petite mob en question s’avère vraiment peu puissante, et ça me vaut une bonne crise de rire – et quelques descentes de véhicule dans les montées. Du coup je rebaptise aussi sec la poussive mobylette Cannabis – du nom de l’âne rétif que monte Numérobis dans la version cinéma d’Astérix chez Cléopâtre. Franchement c’est mérité, cette mob est caractérielle…
Et puis au final elle ne nous sert pas à grand-chose puisque, assez rapidement, nous devons mettre pied à terre et finir le trajet sur nos jambes à travers les bananeraies. A l’endroit où nous garons Cannabis se dresse une petite cahute, mi-habitation (une famille avec deux petites filles y habite), mi-café des bois. Nous y achetons une bouteille d’eau et, immédiatement, un jeune garçon se propose pour nous servir de guide. Nous refusons gentiment, mais il insiste, arguant que nous ne trouverons jamais sans son aide ; nous refusons un peu moins gentiment et partons d’un bon pied. Au bout des bananeraies, il faut traverser la rivière (heureusement très basse à cet endroit) en sautant sur de grosses pierres, et puis, une fois passés de l’autre côté… les ennuis commencent : où aller, à gauche ou à droite ? Le jeune garçon, qui nous a suivis, se poste sur un gros caillou et commence à nous avertir : « Not this way ! ». Un peu agacés, nous partons du principe qu’il joue à chaud-froid, mais à l’envers, pour vendre ses services, c’est-à-dire en nous mentant, et nous partons donc dans la direction qu’il nous dit de ne pas prendre… Hélas pour nous, nous faisons erreur sur toute la ligne ; un chien de garde déboule sur notre droite et nous indique très clairement qu’il est hors de question que nous allions plus loin. Son maître, plus aimable, nous précise que les cascades sont dans l’autre direction, alors nous rebroussons chemin. Mais de l’autre côté, le chemin devient très vite impraticable, et nous ne voyons pas d’issue. Aurait-il fallu ne pas traverser la rivière ? L’ado, toujours posté sur sa pierre, se marre et attend que nous le suppliions de bien vouloir nous aider. Evidemment, notre orgueil s’y refuse… mais il faut bien avouer que nous sommes très paumés. Sur ce, un groupe de quatre jeunes British débarque, dans la même situation que nous : ils ont dit non au guide, et ils ne savent plus où aller… Du coup, deux d’entre eux décident de partir en amont de la rivière, pendant que Yann descendra celle-ci en aval et que j’attendrai avec les deux Anglais qui restent. Une petite demi-heure plus tard, Yann revient bredouille… on n’est pas dans la merde. Il fait super chaud, il y a de nombreuses bestioles qui tournent et qui piquent et des locaux qui viennent nous proposer des trucs à fumer – et les British et moi avons épuisé toutes les conversations possibles… on doit s’avouer vaincu et retourner sur nos pas. Tout plutôt que de prendre un guide !!! Mais au final, une fois revenus à la petite cahute où nous sirotons un prix de consolation, nous trouvons ridicule d’être venus jusqu’ici pour rien, et nous acceptons la proposition du propriétaire des lieux : il nous guidera jusqu’aux cascades, et nous le paierons ce que nous voudrons… Et c’est parti pour une nouvelle traversée des bananeraies, puis de la rivière, après laquelle il fallait, en réalité, tourner à droite comme Yann l’avait fait dans ses recherches en solitaire, mais aller bien plus loin en franchissant certains obstacles. Et puis en franchissant aussi une étrange « plage » de sable fin, et encore des cailloux, des roches et des rocs amoncelés qui forment un étrange paysage lunaire du plus parfait effet… dépaysement garanti ! Les eaux, soumises à la sécheresse et à la mousson, ont ici sculpté la roche de façon magnifique et très impressionnante, creusant des trous de plus de six mètres de profondeur ou modelant des profils de statues contemporaines dans les hauteurs… Et, pendant que je ahane à franchir des (petits) gouffres en m’accrochant avec les mains (suis plus douée pour la varappe que pour la marche finalement), Yann bondit souplement – notre guide, lui, est un chamois en tongues…
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Enfin nous arrivons aux cascades ; on aurait pu chercher longtemps !!!! D’abord le chemin pour y arriver n’est ni linéaire, ni fléché ; ensuite les cascades sont « souterraines » !!! L’eau déboule en réalité sous les roches, qui s’écartent parfois pour y laisser accès. Une sorte de piscine naturelle se forme à un endroit, mais nous lui préférons ce que notre guide a appelé le « water massage », où nous nous baignons allègrement avec lui (en vrai gentleman il détournera même les yeux pendant que je me déshabillerai). Il en profite pour rouler un pétard digne de la Jamaïque, assis à califourchon sur une grosse pierre qui surplombe légèrement l’eau (impressionnant comme ses yeux deviennent rouges en un instant… je ne sais pas ce qu’ils fument ici mais ça ne doit pas être du curry).
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Ensuite on retourne vers sa cahute avant de rentrer au village en chevauchant Cannabis, d’abord pour aller la rendre à son propriétaire, et puis pour récupérer nos sacs à la guesthouse. Ramesh vient nous chercher à 18H, nous repartons ce soir pour Bangalore pour y passer deux jours avant de repartir en vadrouille. On n’a pas envie de partir : Hampi, c’était trop d’la balle…
Raconté par Amélie
Oct 08
Bangalore : buvages de coups et salsa. C’est en effet à cela que se résume notre premier week-end à Bangalore. Pas désagréable cela dit en passant, même si Yann et moi ne partageons pas vraiment ces deux activités… à moi la salsa, à lui les drinks – en gros. Ah ben chacun sa spécialité hein !
Kirthi vient d’emménager dans un grand immeuble chic – parking et entrée surveillés, piscine, et une salle de bains par chambre dans l’appartement. Elle habite au 13ème étage et donc la vue est assez sympa depuis chez elle… ça inspire tout de suite à Yann une petite photo au fisheye.
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Etrangement, la femme de ménage de Kirthi pénètre dans notre chambre vers 9 heures du matin, alors que nous dormons, pour venir laver la salle de bains – Kirthi m’apprendra par la suite que comme cette salle de bains a beaucoup été utilisée pendant la soirée pour les conséquences naturelles des gueules de bois et des excès de bière (pipis à côté de la cuvette et vomissures), elle préférait que le ménage y soit fait. Tu m’étonnes. Tant pis pour nos nudités que la femme de ménage a dû voir en passant du coup, j’aime autant me doucher dans du propre. Il y a deux amis de Kirthi qui ont dormi là, et nous sommes donc cinq à nous succéder dans les deux salles de bains de l’appartement. Ensuite on file au studio car j’ai un stage à donner – non sans passer par le MacDo pour le petit-dej. Le stage se déroule bien, les élèves (une trentaine) sont assez enthousiastes ; et à la sortie du cours, Sachin (photographe) et Santosh (salsero), avec lesquels nous avions sympathisé à Ludhiana et qui sont de Bangalore, sont là pour nous emmener déjeuner.
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Raconté par Amélie
Oct 06